Linkedin CréditNews
Photo de deux véhicules emboutis l'un dans l'autre à la suite d'un accident de la route
3 minutes

Conducteurs sans assurance : bombe financière en gestation pour les assureurs

Un risque marginal ? Non, une menace systémique! Le dernier baromètre du Fonds de garantie des victimes (FGV), publié fin juin 2025, dresse un constat implacable : la non-assurance automobile n’est plus un simple accident statistique, mais une faille structurelle du modèle assurantiel français. Avec 123 millions d’euros versés par le FGV en 2024 pour indemniser les victimes de conducteurs non assurés ou en fuite, le phénomène reste massif, malgré un léger recul par rapport à 2023.

Derrière ces chiffres, c’est l’ensemble du système qui encaisse le choc : les assureurs, les contribuables... et surtout les assurés en règle, qui paient pour les autres. Un mécanisme invisible mais terriblement efficace, financé via une taxe imposée à tous les contrats d’assurance. Un transfert de responsabilité financière à grande échelle, que les chiffres 2024 viennent cruellement illustrer.

🚨 Le profil toxique du conducteur non assuré

Si le coût collectif est massif, c’est parce que les conducteurs non assurés concentrent à eux seuls un volume disproportionné d’infractions graves. Le baromètre du FGV ne laisse guère de place à l’ambiguïté : parmi les automobilistes sans assurance, 39 % n’avaient pas de permis au moment des faits. À titre de comparaison, ils ne sont que 3 % chez les conducteurs assurés.

Autre donnée inquiétante : la corrélation étroite entre non-assurance et comportements à haut risque. Selon le FGV :

  • 25 % des conducteurs non assurés étaient sous l’emprise de stupéfiants, contre 5 % parmi les assurés.
  • 23 % conduisaient en état d’alcoolémie, contre 7 % chez leurs homologues en règle.

Ces chiffres sont stables par rapport à 2023, signe que la dérive n’est pas conjoncturelle, mais installée. Pour le FGV, la non-assurance est désormais le symptôme d’une délinquance routière plus large, associant absence de permis, addictions et refus des règles communes.

La non-assurance est un fléau pour la collectivité qui en assume l’essentiel du coût via la contribution prélevée sur l’ensemble des assurés automobiles

alertent les auteurs du rapport cité par Franceinfo. Et le nombre d’infractions pour défaut d’assurance continue de grimper : 243 000 cas recensés en 2024, en hausse de plus de 20 % depuis 2020. Cette progression est largement due à l’exploitation renforcée du fichier des véhicules assurés (FVA) par les forces de l’ordre.

💰 Assureurs sous pression, assurés en première ligne

Chaque accident non couvert par une assurance génère une prise en charge par le Fonds de garantie des victimes, qui se substitue à l’assureur défaillant ou inexistant. Financé par une taxe obligatoire, le FGV mobilise plus de 120 millions d’euros chaque année, une somme prélevée directement sur les contrats d’assurance automobile… donc payée par les conducteurs respectueux des règles.

Ce mécanisme de mutualisation forcée déséquilibre progressivement les modèles économiques des assureurs traditionnels. En particulier :

  • Il fragilise la gestion du FGAO (Fonds de garantie des assurances obligatoires),
  • Il alourdit les provisions techniques,
  • Il détériore le rapport sinistres/primes, avec un effet immédiat sur la rentabilité.

Les conséquences pour les assurés sont tangibles : hausse des primes, surtout pour les profils jugés à risque (jeunes, antécédents, malussés). Ainsi, le comportement d’une minorité récalcitrante impacte directement le portefeuille d’une majorité responsable.

Résultat : la non-assurance n’est plus un simple problème de sécurité routière, mais un facteur de déstabilisation économique du marché assurantiel français.

👁️ L’œil de l’expert : les limites du FGAO

Le défaut d’assurance routière agit désormais comme un multiplicateur de risques économiques. Son coût n’est plus marginal, mais structurel. En ciblant les profils cumulant absence de couverture, de permis et addictions, le baromètre 2024 révèle un profil criminogène, très éloigné du simple oubli ou de la précarité administrative.

Face à cette spirale, les assureurs doivent adapter leur modèle, mais l’efficacité du FGAO atteint ses limites, tout comme l’acceptabilité sociale d’un financement collectif imposé.

Sans politique publique plus offensive (contrôle renforcé, sanctions dissuasives, responsabilisation), ce “risque systémique” pourrait faire flamber les cotisations… et fracturer encore un peu plus la confiance dans l’assurance obligatoire.

À propos de l'auteur

Rédactrice web au sein du Groupe Win'Up, Morgane rédige des contenus d'actualité sur l'épargne, les finances personnelles, les impôts et assure également la mise à jour du site pour optimiser votre navigation.