Fraudes à la Sécu : les arrêts maladie truqués et les médecins fictifs explosent dans le Loiret
Une fraude massive sous les radars, enfin dévoilée : le département du Loiret fait face à une explosion sans précédent des fraudes à l’Assurance maladie. En 2024, la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) y a détecté une hausse de 70 % des cas de fraude, pour un préjudice total de 7 millions d’euros. Une progression vertigineuse qui s’explique autant par une amélioration des dispositifs de détection que par l’ampleur croissante des escroqueries.
👩💼 Alice Fallourd, responsable de département à la CPAM du Loiret, résume ainsi la situation : « C’est à la fois une meilleure détection et une augmentation réelle des fraudes ». Derrière ces chiffres, de faux arrêts de travail, des audioprothésistes fantômes et un marché noir numérique viennent miner la confiance dans notre système de santé.
🩺 Professionnels véreux et faux soignants : une fraude structurée
L’idée que les assurés trichent en complicité avec des médecins est un mythe. La majorité des fraudes recensées dans le Loiret repose sur de faux documents fabriqués de toutes pièces : certificats médicaux contrefaits, tampons médicaux imités ou noms de praticiens totalement fictifs. Ce ne sont plus de simples abus, mais des montages quasi industriels.
📲 Un véritable marché noir d’arrêts de travail a même vu le jour en ligne. Certains assurés n’hésitent plus à acheter ces faux certificats pour tromper leur employeur… et la Sécurité sociale. Si les assurés ne représentent qu’environ 9 % des montants fraudés, ce sont surtout les professionnels de santé qui concentrent l’essentiel du préjudice : 91 % des sommes détectées.
Les audioprothésistes sont particulièrement dans le viseur. Parmi les cas relevés : sociétés sans personnel diplômé, appareillages réalisés par des employés non habilités ou encore bilans effectués dans des locaux ne respectant aucune norme sanitaire..
La réglementation impose qu’un audioprothésiste diplômé procède lui-même à l’appareillage. Or, ce n’est pas toujours le cas
insiste Alice Fallourd. Elle ajoute :
Trois dossiers chez des professionnels peuvent représenter des centaines de milliers d’euros.
En clair, la fraude institutionnelle est bien plus lourde de conséquences que les petits abus individuels.
⚖️ Une lutte complexe contre un système bien rodé
Si la détection s’améliore, le recouvrement des sommes fraudées reste un défi de taille. Contrairement aux indus classiques, les fraudes nécessitent des procédures judiciaires longues, parfois étalées sur plusieurs années. « Ce n’est pas perdu, mais c’est plus long », prévient Alice Fallourd.
Malgré les obstacles, la CPAM ne reste pas les bras croisés : blocages de remboursements suspects, déconventionnements immédiats, enquêtes administratives accélérées. Parallèlement, 60 cyber-enquêteurs opèrent à l’échelle nationale, traquant les nouvelles formes de fraude numériques et leurs auteurs.
En comparaison nationale, le Loiret se situe dans la moyenne. Si ses 7 millions d’euros de fraudes surpassent largement des départements comme l’Eure-et-Loir (3 millions), il reste loin derrière la Haute-Garonne, record absolu avec 12 millions d’euros détournés. Mais tout peut basculer en un seul dossier : « Un seul cas lourd peut faire exploser les chiffres », conclut Alice Fallourd.
👁️ L’œil de l’expert : la fraude à la Sécu devient une affaire de criminalité organisée
Les données révélées par la CPAM du Loiret illustrent une mutation de la fraude à l’Assurance maladie, de plus en plus professionnelle, structurée et technologique. L’époque des abus individuels semble révolue : place à des réseaux organisés, capables de générer des faux documents et de détourner les procédures à grande échelle.
🛡️ La riposte, si elle s’organise, reste freinée par la lourdeur des procédures judiciaires, le manque de moyens humains, et des règlementations parfois dépassées par l’agilité des fraudeurs. Il devient crucial de muscler les outils de détection, de renforcer les contrôles sur les professionnels, et surtout, de sanctionner rapidement et fermement.
La confiance dans le système de santé repose sur sa capacité à protéger les ressources communes contre les abus. À défaut, c’est tout l’équilibre du modèle solidaire français qui vacille.
À propos de l'auteur
Responsable du développement commercial au sein du Groupe Win'Up, Vanessa accompagne des entrepreneurs dans leur projet de création et participe au développement de la notoriété des enseignes du groupe. Sensible aux sujets économiques et financiers, Vanessa partage son avis sur les actualités.