La consommation de bière en France dégringole: arbitrages budgétaires ou mutation des goûts?
Une baisse qui en dit long. Alors que la bière semblait s’être durablement installée comme un pilier de la consommation festive en France, les derniers chiffres publiés par Brasseurs de France viennent doucher les espoirs du secteur : une chute de 3 % des volumes consommés en 2024. Derrière cette statistique en apparence modeste se cache un séisme économique et culturel. Inflation, nouvelles préférences des jeunes générations, concurrence d’autres alcools : les causes de ce reflux sont multiples, mais dessinent un bouleversement structurel aux répercussions profondes pour la filière brassicole 🇫🇷.
🧾 Pression sur le portefeuille, arbitrages sur les plaisirs
L’une des causes majeures du repli se trouve du côté du contexte économique, même si l’argument mérite d’être nuancé. Contrairement à d’autres catégories de boissons, la bière n’a pas subi d’inflation aussi marquée, ce qui aurait pu la rendre plus compétitive. Pourtant, comme l’explique Brasseurs de France, « la crise du pouvoir d’achat reste un facteur déterminant ». En clair, les consommateurs — notamment les jeunes actifs — revoient leurs priorités de dépenses, sacrifiant parfois les petits plaisirs du quotidien au nom de l’équilibre budgétaire 🧮.
Autre dimension, plus conjoncturelle mais tout aussi décisive : la météo maussade de l’année 2024. Ce facteur, souvent minimisé, est pourtant redoutablement impactant dans l’univers brassicole. Les périodes estivales fraîches ou pluvieuses réduisent mécaniquement la consommation, notamment sur les terrasses et lors des événements en plein air. Un coup dur pour les brasseurs, d’autant plus que 70 % des bières bues en France sont locales, issues de microbrasseries fortement dépendantes des ventes saisonnières.
🍷 Générations Z et cocktails : la bière détrônée
La tendance la plus structurante est cependant ailleurs : un changement profond de comportement chez les 18-25 ans. Selon le baromètre SOWINE/Dynata, le vin supplante désormais la bière comme alcool préféré dans cette tranche d’âge. Un basculement historique : « Pour la première fois, le vin passe en tête », souligne l’étude. Et la bière ne chute pas qu’au profit du vin : les cocktails arrivent désormais en deuxième position, confirmant un goût croissant pour des boissons plus élaborées, plus douces ou plus festives 🍹.
Dans ce contexte, la montée des bières sans alcool — pourtant dynamique — ne suffit pas à compenser l’érosion des volumes. Les bières blondes classiques, autrefois locomotives du secteur, enregistrent un recul significatif, et les bières fortes ne séduisent plus. Même l’essor des microbrasseries et la quête de produits plus artisanaux montrent leurs limites face à ces mutations d’usage.
Enfin, la pluralité de l’offre alcoolisée accentue cette dispersion : cidres, vins effervescents, spiritueux purs affichent tous des gains en popularité. Le consommateur, plus volatil, butine davantage d’un univers à l’autre, réduisant mécaniquement la place de la bière dans les habitudes de consommation.
👁️ L’œil de l’expert : une crise d’adaptation plus que de conjoncture
Ce recul n’est pas un simple accident météorologique ou un dommage collatéral de l’inflation. Il révèle une mutation en profondeur du modèle économique de la bière en France, confronté à des enjeux générationnels, culturels et concurrentiels inédits. La consommation se fragmente, la fidélité à une catégorie s’effrite, et les producteurs doivent repenser leur approche.
L’avenir ? Il passe par l’innovation, la diversification et la reconquête des jeunes consommateurs, avec des produits mieux alignés sur leurs attentes : moins alcoolisés, plus naturels, plus responsables. Le marché brassicole n’est pas en crise terminale, mais en pleine mue stratégique.
À propos de l'auteur
Conseiller financier chez FiniDeMePriver.com depuis près de 2 ans, Enzo Poulain met son expertise au service de ses clients en leur proposant des solutions sur mesure pour optimiser leur budget et simplifier la gestion de leurs finances. Doté d’un sens aigu du détail et d’un réel engagement pour le travail bien fait, Enzo partage également des astuces pratiques pour aider chacun à maintenir un budget équilibré et adapté à ses besoins.