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Photo de l'intérieur d'une boulangerie, avec présentation des pains et des viennoiseries
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Fermeture des boulangeries le 1er mai - Vers la fin d’une aberration législative ?

Le débat sur l'ouverture des boulangeries le 1er mai revient avec insistance, cristallisant les tensions entre symboles sociaux et réalités économiques. Alors que la loi actuelle interdit aux boulangers de travailler lors de la fête du Travail, une proposition de loi déposée au Sénat pourrait bientôt changer la donne. Porté par deux sénateurs centristes, ce texte vise à adapter le Code du travail pour tenir compte du caractère indispensable de certains commerces, comme les boulangeries, dont la fermeture ce jour-là soulève de plus en plus d'incompréhensions.

📝 Une évolution législative attendue, mais encore incertaine

Déposée le 25 avril par Annick Billon et Hervé Marseille (Union centriste), la proposition de loi ambitionne de modifier l’article L. 3133-6 du Code du travail. L’objectif ? Étendre le champ des établissements pouvant faire travailler leurs salariés le 1er mai, en reprenant une logique déjà en vigueur pour le repos dominical (article L. 3132-12). Le texte propose de substituer aux mots actuels une nouvelle formulation élargissant les critères à « ceux dont le fonctionnement ou l’ouverture est rendu nécessaire par les contraintes de la production, de l’activité ou les besoins du public ».

Mais cette modification n’impliquerait pas directement une autorisation automatique pour les boulangeries. Elle renverrait la décision à l’administration, via un décret en Conseil d’État, pour déterminer les commerces concernés. Autrement dit, la mesure ne s’appliquerait qu’après intervention réglementaire, et donc pas avant 2026. D’ici là, la situation reste juridiquement figée.

🥐 Boulangeries : un service de proximité confronté à une législation rigide

Hervé Marseille, président du groupe Union centriste au Sénat, défend vigoureusement cette initiative : 

Les boulangeries sont un petit service public […] Leur permettre d’ouvrir à titre exceptionnel ne serait pas un luxe considérable »

déclare-t-il dans Le Parisien. Il souligne notamment leur rôle dans les petites communes, ainsi que leur contribution aux établissements de santé. Pour ces raisons, le soutien du gouvernement – déjà confirmé par la ministre du Travail Catherine Vautrin – semble acquis.

Dominique Anract, président de la Confédération nationale de la boulangerie et pâtisserie, se montre également favorable à cette réforme. Il rappelle que les boulangers participent activement à la vie locale, notamment dans les zones touristiques ou isolées, et appelle à organiser des « gardes » pour 2025, faute de solution légale immédiate. Il s’est d’ailleurs félicité de la relaxe récente de cinq professionnels sanctionnés pour avoir bravé l’interdiction l’an passé, preuve que la jurisprudence évolue aussi dans le sens d’un assouplissement.

👁 L'œil de l'expert : un ajustement nécessaire au nom du bon sens économique et social

Cette proposition de loi, bien qu’insuffisante à court terme, marque un tournant significatif. Elle reconnaît enfin le rôle quasi-institutionnel des boulangeries dans la société française et leur fonction bien au-delà d’un commerce ordinaire. En mettant fin à une règle jugée anachronique, le législateur s’oriente vers une adaptation réaliste du droit du travail, conciliant respect des salariés et besoins du public. Reste à espérer que l’administration ne tarde pas à formaliser cette reconnaissance par décret dès 2026, pour que les rideaux des boulangeries ne soient plus contraints de rester baissés chaque 1er mai.

À propos de l'auteur

Conseiller financier chez FiniDeMePriver.com depuis près de 2 ans, Enzo Poulain met son expertise au service de ses clients en leur proposant des solutions sur mesure pour optimiser leur budget et simplifier la gestion de leurs finances. Doté d’un sens aigu du détail et d’un réel engagement pour le travail bien fait, Enzo partage également des astuces pratiques pour aider chacun à maintenir un budget équilibré et adapté à ses besoins.