Apple et Meta dans le viseur de l’UE : Bruxelles allume la mèche, Washington sur le qui-vive
Le 23 avril 2025 marque un tournant majeur dans les relations transatlantiques et la régulation des géants du numérique. Pour la première fois, la Commission européenne applique concrètement le Digital Markets Act (DMA) en infligeant des sanctions historiques à deux mastodontes américains : Apple et Meta. Au-delà des montants – symboliques à l’échelle de leurs chiffres d’affaires –, ces décisions constituent un acte politique fort, qui pourrait bien raviver les tensions économiques entre l’Union européenne et l’administration Trump. L’heure est à la confrontation entre deux modèles de régulation et d’influence technologique.
📌Le DMA entre en action : Apple et Meta épinglés pour pratiques anticoncurrentielles
Après un an d’entrée en vigueur, le DMA trouve enfin sa concrétisation avec des sanctions majeures contre Apple et Meta. Apple se voit infliger une amende de 500 millions d’euros pour avoir empêché les développeurs de promouvoir des alternatives plus avantageuses en dehors de l’App Store, verrouillant ainsi l’accès à des circuits concurrents. Bruxelles dénonce une stratégie systémique de fermeture, contraire aux principes de concurrence libre.
Meta, de son côté, est sanctionné à hauteur de 200 millions d’euros pour sa politique controversée mise en place depuis novembre 2023 : facturer l’utilisateur souhaitant échapper à la publicité ciblée – 5,99 € sur desktop, 7,99 € sur mobile. Une pratique jugée coercitive par les régulateurs européens. Dans une déclaration à RMC, Joel Kaplan, vice-président de Meta et conseiller proche de Donald Trump, a accusé la Commission européenne de favoriser les entreprises locales au détriment des groupes américains :
L’Europe freine la réussite des entreprises américaines tout en fermant les yeux sur les standards inégaux appliqués à leurs concurrents chinois et européens.
💪🏽 Bruxelles-Washington : vers un nouveau bras de fer numérique et commercial
Ces décisions tombent dans un contexte de réchauffement des tensions commerciales entre l’Union européenne et les États-Unis. Sous l’impulsion de Donald Trump, Washington a récemment relancé les droits de douane sur des secteurs clés comme l’automobile, l’aluminium et l’acier. La réponse européenne, cette fois sur le terrain du numérique, risque de raviver l’escalade protectionniste entre les deux blocs.
La commissaire européenne à la Concurrence, Teresa Ribera, a justifié la démarche dans un communiqué sec mais déterminé : « Les décisions d’aujourd’hui envoient un message fort et clair ». Aucun détail n’a été livré en conférence de presse, signe de la tension diplomatique sous-jacente. Et ce n’est qu’un début : une nouvelle procédure est déjà ouverte contre Apple, accusé de maintenir un écosystème iOS trop fermé, ce qui pourrait donner lieu à des sanctions encore plus lourdes.
Si les amendes actuelles peuvent sembler dérisoires au regard des profits affichés par Apple (93,7 milliards de dollars) et Meta (62,4 milliards en 2024), elles servent avant tout d’avertissement. En cas de non-conformité dans un délai de 60 jours, la Commission européenne prévoit des astreintes journalières pouvant atteindre des montants dissuasifs.
👁 L'œil de l'expert : une redéfinition des règles du jeu
Ces premières sanctions issues du DMA incarnent une volonté claire de l’Europe : rééquilibrer les rapports de force face à des plateformes devenues trop influentes pour les laisser en roue libre. Mais elles interviennent dans un climat géopolitique déjà inflammable, et risquent d’alimenter une riposte commerciale de l’administration Trump. Les parties prenantes seront elles capables d'ouvrir un canal de dialogue transatlantique dédié à la régulation numérique?
À propos de l'auteur
Spécialiste SEO et Data Analyst, Antoine Spaeter apporte à CréditNews son expertise en analyse de données et en acquisition de trafic. Avec plus de 15 années d'expérience en entrepreneuriat et en gestion de projets techniques, il s'est spécialisé dans l'interprétation des chiffres. Rigoureux et curieux, Antoine contribue également à la stratégie éditoriale de CréditNews, garantissant une approche précise et pédagogique des contenus proposés.