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Photo de l'actuelle ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin, à l'Elysée
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Budget 2025 : État d’alerte sur les finances publiques face à la dette qui croît

Le thermomètre budgétaire explose… et l’ordonnance s’annonce amère. Les chiffres publiés fin juin par le gouvernement et l’Insee confirment une trajectoire budgétaire de plus en plus intenable pour la France. Face à une dette qui atteint 114 % du PIB et un déficit public prévu à 5,4 %, Bercy serre la vis sur les dépenses, en plein été, dans un climat de tension croissante entre l’exécutif et les partenaires sociaux.

Annoncée officiellement comme un effort “de rigueur” et de “transparence” par la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin, cette cure d’austérité masque des arbitrages de plus en plus contraints, aux effets durables sur la sphère économique. Et surtout, elle prépare le terrain à un budget 2026 encore plus douloureux, tant en termes politiques que financiers.

📉 Un coup de frein immédiat, mais insuffisant

Dans un communiqué diffusé le 27 juin, le gouvernement annonce 5 milliards d’euros d’économies supplémentaires pour 2025, dont :

  • 3 milliards de crédits gelés, qui ne seront pas décaissés,
  • 1,7 milliard de coupes sur les dépenses sociales, principalement liées aux arrêts maladie et aux hôpitaux.

L’objectif affiché : maintenir le déficit à 5,4 % du PIB cette année, après 5,8 % en 2024. Pourtant, les marges de manœuvre s’amenuisent. La croissance prévue à 0,7 % par Bercy (0,6 % selon l’Insee et la Banque de France) ne suffira pas à relancer mécaniquement les recettes fiscales. Autrement dit : moins de croissance, moins de recettes… plus de coupes.

Dans le viseur de l’exécutif : les ministères “à risque” budgétaire, les dépenses hospitalières, et certaines dérives dans les collectivités locales. Celles-ci contestent d’ailleurs l’analyse de l’État : “Les dépenses progressent de 1,2 %, pas de 2,3 % comme le prétend Bercy”, rétorque Intercommunalités de France.

 Vu la situation budgétaire calamiteuse, le budget 2026 implique des mesures d’austérité impopulaires, rendant son adoption aussi difficile, sinon plus, que celui de 2025 

alerte Bruno Cavalier, chef économiste chez Oddo BHF.

🏦 Une dette qui flambe, des taux qui pèsent

L’endettement de la France poursuit son ascension : 3 345,8 milliards d’euros fin mars, soit 114 % du produit intérieur brut. En six mois, la dette a encore progressé de plus de 40 milliards d’euros, creusant un écart désormais abyssal avec les critères de Maastricht. Résultat : la France se retrouve au 3ᵉ rang des pays les plus endettés de la zone euro, derrière la Grèce et l’Italie.

À ce niveau, le service de la dette devient le principal point de crispation. Selon Bercy, les intérêts annuels versés par l’État menacent de devenir le deuxième poste de dépense publique, juste derrière l’Éducation nationale. Une perspective qui impose un recalibrage d’ensemble, et rend toute relance keynésienne illusoire à court terme.

Face à cette impasse, le gouvernement évoque déjà pour 2026 une “année blanche, autrement dit : reconduction pure et simple des dépenses actuelles, sans les indexer sur l’inflation. Une approche gelée, mais à haut risque social, dans un pays où la tension autour du pouvoir d’achat reste vive.

François Bayrou, actuel Premier ministre, a promis une première esquisse budgétaire mi-juillet. En coulisse, les discussions s’annoncent âpres. Les arbitrages sont rendus encore plus difficiles par la fragilité politique de l’exécutif, dont le dernier budget a failli être censuré au Parlement.

👁️ L’œil de l’expert : la dette durable

Ce nouveau tour de vis budgétaire révèle une France confrontée à une crise de modèle plus qu’à une simple dérive comptable. Les plans d’économies successifs ne suffisent plus à masquer l’érosion structurelle des marges financières, alors que les engagements sociaux demeurent lourds et que la croissance reste trop faible pour compenser mécaniquement.

La dette française n’est pas un choc ponctuel, c’est un état durable. Et tant que la dépense n’est pas repensée structurellement — y compris sur les niches fiscales, les réformes systémiques ou les modes de gestion publique — le pays restera vulnérable au moindre choc financier.

À propos de l'auteur

Responsable du développement commercial au sein du Groupe Win'Up, Vanessa accompagne des entrepreneurs dans leur projet de création et participe au développement de la notoriété des enseignes du groupe. Sensible aux sujets économiques et financiers, Vanessa partage son avis sur les actualités.