Carburant à prix cassés : vers un retour à 1,50 €… voire moins dans les prochaines semaines?
Le baromètre du plein vire à la baisse. Alors que le mois d’avril avait laissé entrevoir un rebond inquiétant des prix à la pompe, la dynamique s’est inversée plus vite que prévu. Le gazole repasse sous 1,55 €, et l’essence redescend autour de 1,65 € le litre, selon les dernières données du ministère de la Transition écologique. Une baisse modeste — moins d’un demi-centime en moyenne — mais qui pourrait s’accélérer dès le mois de mai, portée par des décisions stratégiques majeures sur le marché mondial du pétrole.
🛢 L’offensive de l’Opep+ sur la production mondiale de pétrole
La pression à la baisse sur les prix s’explique en grande partie par l’accélération de la production décidée par huit membres de l’Opep+. L’Arabie saoudite, la Russie, mais aussi l’Algérie, le Koweït, Oman, l’Irak, le Kazakhstan et les Émirats arabes unis ont annoncé qu’ils injecteraient 411 000 barils supplémentaires par jour dès le mois de juin, soit trois fois plus que le rythme prévu initialement. Cette inflexion stratégique met fin à la politique de restriction de l’offre jusque-là utilisée pour maintenir les prix élevés.
Ce virage brutal a un effet immédiat sur les marchés : le Brent, référence en Europe, est tombé sous la barre des 60 dollars, et le WTI américain à 56 dollars, contre encore 65 dollars quelques jours auparavant. Un effritement qui devrait se traduire mécaniquement, bien que partiellement, à la pompe : chaque dollar de baisse sur le baril équivaut en moyenne à un centime de moins à la pompe, rappelle NielsenIQ-GFK.
🎑 Demande en berne et transition énergétique : des leviers structurels
Mais au-delà des manœuvres de l’Opep+, ce sont des tendances de fond qui pèsent sur la demande mondiale de pétrole. Dans un contexte de ralentissement économique global, de guerres commerciales fragilisant le dollar, et de transition énergétique accélérée, la consommation d’or noir recule lentement mais sûrement. La montée en puissance de la voiture électrique, combinée à l’abandon progressif des centrales thermiques, réduit les débouchés du pétrole dans les secteurs historiquement les plus consommateurs.
Comme le souligne l’article, la fiscalité pèse lourd dans le prix final du carburant, le brut ne représentant qu’environ 30 % du tarif payé en station, contre 60 % pour les taxes et 10 % pour le raffinage. Ainsi, même si le pétrole continue de baisser, l’impact à la pompe restera modéré. Toutefois, des prix moyens sous les 1,50 € le litre deviennent réalistes à court terme, voire déjà atteints localement.
👁 L'œil de l'expert : de l'espoir à la probabilité
L’annonce surprise de l’Opep+ combinée à une demande en repli ouvre un cycle favorable aux consommateurs européens. Mais toute prévision reste fragile : tensions géopolitiques, décisions fiscales, ou retournement conjoncturel peuvent inverser la tendance. Pourtant, les signaux actuels convergent. Un carburant autour de 1,50 € n’est plus un espoir, c’est une probabilité. Comme en 2016, un retour vers les niveaux planchers d’un euro le litre pour le gazole n’est plus une vue de l’esprit, mais une hypothèse à considérer sérieusement.
À propos de l'auteur
Conseiller financier chez FiniDeMePriver.com depuis près de 2 ans, Enzo Poulain met son expertise au service de ses clients en leur proposant des solutions sur mesure pour optimiser leur budget et simplifier la gestion de leurs finances. Doté d’un sens aigu du détail et d’un réel engagement pour le travail bien fait, Enzo partage également des astuces pratiques pour aider chacun à maintenir un budget équilibré et adapté à ses besoins.