Carmat en chute libre : la start-up médicale risque la cessation des paiements fin juin
Malgré des avancées cliniques notables, l’avenir de Carmat, fleuron français de la biotechnologie, s’assombrit brutalement. Une situation de trésorerie critique a fait chuter son titre de plus de 64 % en Bourse ce lundi, mettant en péril un projet technologique majeur dans le secteur médical.
Vendredi soir, l’entreprise à l’origine du cœur artificiel total Aeson a tiré la sonnette d’alarme : sans nouveau financement, elle pourrait cesser ses paiements dès la fin du mois de juin 2025. La réaction des marchés a été immédiate : l’action s’est effondrée à 0,28 euro, touchant un plus bas historique, avec une baisse spectaculaire de 64,15 % à l’ouverture de la séance parisienne ce lundi. Cette journée pourrait marquer la pire performance boursière de l’histoire du groupe.
📉 Entre espoir technologique et précipice financier
L’histoire de Carmat illustre cruellement le fossé entre innovation scientifique et viabilité économique. Le groupe a confirmé qu’il lui fallait 3,5 millions d’euros d’ici fin juin pour éviter la cessation des paiements, et 35 millions d’euros supplémentaires sur un horizon de douze mois — dont 20 millions dès la fin de l’année 2025. Un montant vertigineux à réunir dans un contexte de défiance du marché.
La situation est très préoccupante sur le plan de la trésorerie
analyse Mohamed Kaabouni, analyste chez Portzamparc, qui avait pourtant salué les récents progrès opérationnels de la société. Carmat venait en effet de conclure positivement l’étude clinique EFICAS, un jalon essentiel dans le processus de validation réglementaire du cœur Aeson. Mais comme le rappelle Kaabouni :
Tous ces progrès pourraient être réduits à néant en l’absence de solution à très court terme.
La suspension de la recommandation boursière par Portzamparc illustre l’incertitude absolue qui entoure désormais le titre. Ce retrait du soutien des analystes accentue la pression sur une entreprise déjà fragilisée par un lourd historique de dépenses de R&D, une industrialisation lente et un accès aux marchés encore embryonnaire.
🧮 Un modèle économique sous perfusion
Au-delà de l’urgence conjoncturelle, le cas Carmat interroge sur la durabilité des modèles économiques fondés sur l’innovation de rupture dans la santé. Le cœur artificiel Aeson incarne une promesse médicale forte : offrir une solution aux patients en insuffisance cardiaque terminale, souvent condamnés faute de greffon disponible. Mais cette ambition technologique se heurte à une réalité économique implacable : l’innovation ne suffit pas à sécuriser la rentabilité.
La structure capitalistique de Carmat repose encore largement sur des financements dilutifs ou publics. Or, dans un climat de hausse des taux et de frilosité des investisseurs face au risque, ces canaux de financement se tarissent. Le coût de l’industrialisation, les exigences réglementaires et la lenteur d’adoption par les systèmes de santé forment une combinaison explosive. La nécessité de démontrer rapidement une traction commerciale forte est d’autant plus impérieuse que la trésorerie actuelle ne permet pas d’envisager l’automne sans appui externe.
Le timing de cette crise est d’autant plus cruel que Carmat semblait amorcer un virage plus favorable : simplification des processus industriels, retours cliniques positifs, et avancées réglementaires. Mais sans levée de fonds rapide, l’entreprise pourrait être contrainte d’interrompre brutalement ses activités, hypothéquant ainsi plus d’une décennie de recherche et d’investissement public-privé.
👁 L'œil de l'expert : Carmat, victime d’un écosystème en tension
L’affaire Carmat est emblématique d’un paradoxe structurel : l’Europe et la France en particulier soutiennent fortement la recherche médicale, mais peinent encore à assurer une transition fluide vers l’industrialisation et la commercialisation. La fragilité de Carmat souligne la difficulté pour les entreprises innovantes de conjuguer excellence scientifique et autonomie financière.
À moins d’un soutien immédiat — sous forme de refinancement, d’acquisition stratégique ou de nouveau partenaire industriel — Carmat risque de devenir un symbole douloureux : celui d’une rupture technologique avortée, non par manque de pertinence médicale, mais par défaut de carburant économique. 🚨
À propos de l'auteur
Spécialiste SEO et Data Analyst, Antoine Spaeter apporte à CréditNews son expertise en analyse de données et en acquisition de trafic. Avec plus de 15 années d'expérience en entrepreneuriat et en gestion de projets techniques, il s'est spécialisé dans l'interprétation des chiffres. Rigoureux et curieux, Antoine contribue également à la stratégie éditoriale de CréditNews, garantissant une approche précise et pédagogique des contenus proposés.