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Chômage en France : une stabilité en trompe-l'œil perturbée par les réformes

Le nombre de demandeurs d’emploi sans activité (catégorie A) reste figé autour de 3,2 millions en avril. Une apparente stabilité qui, en réalité, masque de profondes turbulences dans les statistiques du chômage. Entre réforme du RSA, automatisation des actualisations et redéfinition des règles d’inscription, les chiffres publiés par la Dares mardi 27 mai peinent à livrer une lecture claire de la conjoncture. Explications. 🧩📊

🔍 Chômage : des chiffres déformés par les effets de la réforme

Depuis le début de l’année, l’interprétation mensuelle des données du chômage est devenue un casse-tête pour les experts. En cause : l’arrivée progressive de nouvelles règles d’actualisation et l’application de la loi pour le plein emploi, qui vise à favoriser l’insertion des bénéficiaires du RSA via leur inscription automatique sur les listes de France Travail. Résultat : les comparaisons d’un mois à l’autre sont devenues “très difficiles à interpréter”, selon le constat même de la Dares, le service statistique du ministère du Travail.

Officiellement, le nombre de personnes inscrites en catégorie A, c’est-à-dire sans aucune activité, aurait chuté de 5,5 % en avril, soit 186 800 demandeurs d’emploi en moins, pour atteindre 3,22 millions de personnes. Mais ce repli est jugé trompeur, car il est gonflé par les effets mécaniques de l’actualisation des droits et du basculement des allocataires du RSA vers l’inscription automatique. En neutralisant ces perturbations, la variation réelle se situe entre 0 % et 0,5 %, indique la Dares.

Les autres catégories ne sont pas épargnées. Pour les demandeurs d’emploi en activité réduite (catégories B et C), les données sont tout aussi complexes. Si l’on tient compte des réformes en cours, la catégorie A, B, C aurait enregistré une baisse globale de 2 %, soit 115 900 inscrits en moins, pour s'établir à 5,62 millions de personnes. Mais sans ces ajustements, la tendance serait plutôt à une hausse située entre +0,8 % et +1,1 %.

👁 L’œil de l’expert : une période floue mais cruciale

Cette situation illustre une période de transition délicate pour le suivi du marché de l’emploi en France.

On assiste à un brouillage statistique inédit, lié à des réformes qui visent à mieux accompagner les demandeurs d’emploi, mais qui rendent les indicateurs classiques difficiles à lire

analyse un spécialiste des politiques publiques de l’emploi. La Dares elle-même recommande la prudence face aux données mensuelles, trop volatiles en cette période de changement. Elle privilégie désormais l’analyse trimestrielle, plus fiable pour observer les tendances de fond.

La mise en œuvre complète de la loi pour le plein emploi, qui s’étendra sur trois ans, devrait progressivement stabiliser les données. Mais d’ici là, les chiffres du chômage continueront à refléter autant la réalité du terrain… que les effets mécaniques des transformations administratives. ⏳📉 

À propos de l'auteur

Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français