Commerce extérieur : la France glisse vers un abîme commercial de 7,6 milliards d’euros
Le mois de mai 2025 signe une nouvelle détérioration de la balance commerciale française, avec un déficit de 7,6 milliards d’euros. Cette aggravation, révélée par les douanes, s’inscrit dans une tendance préoccupante pour la cinquième puissance économique mondiale. Si le secteur énergétique montre quelques signes d'amélioration, la chute des exportations — bien plus marquée que celle des importations — pèse lourdement sur les équilibres économiques. Décryptage des mécanismes financiers derrière ce déséquilibre structurel.
📊 Exportations en berne, industrie sous pression
La principale source d'inquiétude réside dans la chute brutale des exportations, en recul de 1 milliard d’euros sur un seul mois, contre 600 millions d’euros de baisse du côté des importations. Cette asymétrie creuse mécaniquement le déficit, qui passe de 7,2 à 7,6 milliards d’euros entre avril et mai.
🔩 Ce sont les produits manufacturés qui concentrent l’essentiel de la dégradation. Ce secteur, longtemps pilier de la compétitivité française à l’international, devient aujourd’hui le principal facteur de déséquilibre du commerce extérieur. L’écart se creuse notamment face à des concurrents européens plus dynamiques et des coûts de production toujours sous tension.
📉 En parallèle, la France n’a plus enregistré d’excédent commercial sur les biens depuis 2002, illustrant une désindustrialisation persistante et une perte de parts de marché à l’export. En cumul sur douze mois glissants, le déficit atteint 80 milliards d’euros, flirtant avec les 81 milliards enregistrés en 2024.
Selon Julien Mercier, économiste en commerce international :
La faiblesse structurelle des exportations françaises n’est pas uniquement conjoncturelle. Elle révèle des retards en innovation, en compétitivité-prix et en structuration logistique.
⚡ Énergie : un répit sans effet de levier
Seul rayon de lumière dans ce paysage sombre : le solde énergétique, qui s’améliore légèrement en mai grâce à une baisse plus marquée des importations que des exportations. Une évolution en partie attribuable à la stabilisation des prix de l’énergie sur les marchés mondiaux, mais qui reste marginale au regard du poids global du commerce extérieur.
⛽ Cette embellie énergétique, aussi bienvenue soit-elle, ne compense pas la contre-performance des autres postes, et encore moins celle de l’industrie manufacturière. En clair : l’amélioration ponctuelle du solde énergétique ne constitue pas un moteur de redressement suffisant.
📦 Dans ce contexte, les importations de biens de consommation courante et de technologies étrangères continuent de croître, alimentant une dépendance structurelle et aggravant l’effet de ciseaux entre production nationale et besoins internes.
🔍 Derrière ces chiffres se cache une fragilité stratégique : la France reste fortement dépendante de l’extérieur pour son approvisionnement, y compris sur des filières clés comme les composants électroniques, les machines-outils ou les équipements médicaux. Autant de vulnérabilités qui pèsent sur la souveraineté économique du pays.
👁️ L’œil de l’expert : réindustrialiser…
Ce nouveau creusement du déficit commercial doit alerter les décideurs publics comme les acteurs économiques. Il ne s’agit plus simplement d’un signal conjoncturel, mais bien d’un symptôme chronique d’un modèle économique à rééquilibrer. Tant que la réindustrialisation ne sera pas une priorité politique pleinement mise en œuvre — innovation, formation, fiscalité attractive, soutien à l’export — la France continuera d'accumuler des déficits extérieurs.
En l’absence d’un véritable choc de compétitivité, le pays risque de s’enfermer dans une spirale où l’amélioration d’un secteur ne suffira plus à compenser les failles d’ensemble. Le répit énergétique ne doit pas masquer l’urgente nécessité d’un redressement industriel structurant.
À propos de l'auteur
Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français