Cours des Comptes : Le décrochage financier menace
La France se trouve à un carrefour critique en matière de gestion de ses finances publiques. La Cour des comptes a récemment tiré la sonnette d'alarme concernant l'ampleur du déficit, et met en garde contre un décrochage financier pouvant placer le pays dans une position désavantageuse face à ses partenaires européens. Les conséquences pourraient être sévères si des efforts structurels ne sont pas engagés rapidement.
🚨 Une dépense publique incontrôlée
Malgré des prévisions initiales visant une réduction progressive du déficit, la France a connu deux années consécutives de dérapages financiers. En 2023, le déficit a atteint 5,5 % du PIB, et il est estimé qu'il pourrait se maintenir autour de 6 % en 2024. Si ce manque de rigueur persiste, la France pourrait se retrouver distancée par les autres nations européennes. La Cour des comptes appelle à une maîtrise absolue des dépenses publiques, soulignant que tout retard supplémentaire dans les ajustements nécessaires compliquerait davantage la situation. La trajectoire budgétaire, désormais décalée de deux ans, prévoit de ramener le déficit à moins de 3 % du PIB d'ici 2029, mais avec une pression accrue à court terme.
🥵 Un effort majoritairement focalisé sur les prélèvements
La stratégie gouvernementale pour réduire le déficit repose en grande partie sur l’augmentation des prélèvements obligatoires, notamment à travers des hausses fiscales temporaires. Bien que cela permette un redressement rapide, la Cour des comptes pointe que ces mesures ne résolvent pas le problème de fond : la croissance continue de la dépense publique.
En dépit de ses faiblesses, il est crucial de respecter cette trajectoire sous peine de voir la France décrocher de ses partenaires européens. Tout retard supplémentaire rendrait les ajustements indispensables encore plus importants et difficiles. La réduction du déficit en 2025 repose exclusivement sur des prélèvements obligatoires plutôt que sur des efforts globaux d'économies, le cœur de la dépense continuant de progresser à un rythme proche de sa tendance d'avant-crise
a relevé la Cour.
La France devra impérativement ajuster ses dépenses structurelles et adopter une politique d’économies globales plus ambitieuse pour que cette réduction soit durable. Les prévisions de croissance et de rentrées fiscales, déjà fragiles, doivent impérativement être réalistes pour éviter de compromettre l’assainissement des finances publiques.
⚔️ L’enjeu de la dette et de l’endettement public
L'un des principaux facteurs aggravants du déficit est la charge de la dette, qui ne cesse de croître. Le montant des intérêts sur la dette publique, actuellement le plus élevé du budget de l’État, pourrait atteindre 112 milliards d’euros en 2029, soit presque le double des dépenses allouées à l’éducation nationale. À ce rythme, le ratio d'endettement par rapport au PIB pourrait dépasser les 125 % en 2029, avec une tendance inquiétante se dirigeant vers les 130 % d'ici 2031, bien au-dessus des objectifs fixés dans les plans budgétaires européens.
👁 L'œil de l'expert
Pour éviter un décrochage durable, il est devenu désormais impératif que la France entame une révision radicale de sa politique budgétaire. Une stratégie d’économie plus drastique et aussi plus globale doit être mise en place, avec un contrôle strict des dépenses publiques et des ajustements sur la durée, en parallèle avec des réformes fiscales visant à alléger la charge de la dette à long terme. De plus, la mise en œuvre de ces ajustements doit être accompagnée d’une transparence renforcée et d’un dialogue constructif avec les partenaires européens pour garantir que la France conserve sa place parmi les économies les plus solides du continent.
À propos de l'auteur
Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français