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Photo d'une jeune femme entrepreneure, dans un espace de coworking, à nantes
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Création d'entreprises en chute : une reprise sous tension pour l'entrepreneuriat français

La dynamique entrepreneuriale française traverse une zone de turbulence. Pour le quatrième mois consécutif, la création d’entreprises recule, révélant une fragilité croissante du tissu économique, en particulier pour les structures classiques. Derrière une apparente stabilité annuelle, ce sont des signaux d’alerte sectoriels et structurels qui émergent. L’heure n’est plus à l’euphorie post-Covid, mais à une lecture fine d’un marché en recomposition, où les micro-entrepreneurs tirent leur épingle du jeu tandis que les modèles traditionnels s’essoufflent.

📉 Le reflux des créations : un signal d’alerte masqué par la résilience des micro-entrepreneurs

En mars 2025, 90 694 entreprises ont été immatriculées, soit une nette diminution par rapport au mois précédent. Ce repli touche en priorité les entreprises individuelles classiques, en baisse de 2,5 % sur un mois et de 17,4 % sur un an. Ces chiffres confirment une tendance préoccupante pour les formes juridiques les plus exposées aux aléas économiques et aux charges structurelles.

À rebours, les micro-entrepreneurs, qui constituent près de 65 % des nouvelles immatriculations, résistent mieux : la baisse reste limitée à 0,6 % en mars, tandis qu’une hausse annuelle de 3,4 % est constatée. Ce régime, plébiscité pour sa souplesse administrative et fiscale, continue donc d’attirer, même dans un climat incertain.

Mais cette dualité cache un déséquilibre plus profond : l’essor des formes simplifiées ne suffit plus à compenser le décrochage des structures classiques, pourtant essentielles à l’emploi pérenne et à la structuration des filières économiques.

📊 Des disparités sectorielles révélatrices d’un environnement économique instable

Tous les secteurs ne sont pas affectés avec la même intensité. L’industrie, en particulier, enregistre un recul marqué de 12,1 %, notamment dans les activités liées à l’électricité photovoltaïque, fragilisées par une nouvelle obligation réglementaire d’immatriculation. Ce durcissement impacte directement les particuliers producteurs, désormais contraints de se structurer juridiquement.

Le secteur de la construction, déjà affaibli par une baisse de la demande et des incertitudes normatives, poursuit sa décroissance avec 3 600 créations de moins qu’en début 2024, soit un repli de 1,9 % sur le mois.

Le cas du transport et de l’entreposage illustre quant à lui l’instabilité de l’activité. Après avoir été un moteur de croissance en 2024, ce secteur subit une chute de 8,9 % en mars, tout en affichant une hausse de 22,1 % sur un an glissant. Une volatilité symptomatique d’une activité soumise à des flux de demande très irréguliers.

En contraste, certaines poches d’activité affichent une vitalité notable. Les services aux entreprises, l’éducation, la santé et l’action sociale enregistrent des hausses allant jusqu’à 4,8 %, illustrant le transfert de dynamisme vers les secteurs à forte intensité humaine et à valeur ajoutée sociale.

👁 L'œil de l'expert : vers une refondation de la politique entrepreneuriale ?

Derrière la légère hausse annuelle de 1,7 % des créations sur douze mois se cache une recomposition silencieuse mais bien réelle du paysage entrepreneurial. L’essor des micro-entreprises masque l’effondrement de formats d'entreprises jusqu'ici plus robustes, à fort potentiel de croissance et d’emploi. Ce basculement doit interroger les décideurs publics sur la pérennité du modèle actuel.

À propos de l'auteur

Responsable du développement commercial au sein du Groupe Win'Up, Vanessa accompagne des entrepreneurs dans leur projet de création et participe au développement de la notoriété des enseignes du groupe. Sensible aux sujets économiques et financiers, Vanessa partage son avis sur les actualités.