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Créations d’entreprises : un printemps économique sous très haute tension

Après plusieurs mois en demi-teinte, le dynamisme entrepreneurial français reprend des couleurs. En avril 2025, les créations d’entreprises atteignent leur plus haut niveau depuis près d’un an, marquant une inflexion nette après quatre mois consécutifs de repli. Ce rebond, analysé en profondeur par l’Insee, révèle des contrastes sectoriels saisissants et une évolution structurelle du tissu économique.

🧭 Rebond global, mais dynamique inégale selon les formes juridiques

Avec 95 032 créations enregistrées en avril 2025, le paysage entrepreneurial français signe une reprise marquée. Ce chiffre, ajusté des variations saisonnières et des jours ouvrables, traduit une progression de +4,6 % par rapport à mars, où l’activité avait chuté de -1,7 %. Deux moteurs principaux alimentent cette hausse : d’un côté, les micro entrepreneurs connaissent une embellie de +4,9 %, et de l’autre, les entreprises dites classiques progressent de +4,0 %.

Ce regain de forme porte le total à 33 181 créations classiques et 61 851 microentreprises. Mais cette tendance positive d’avril ne suffit pas à inverser une évolution plus tiède observée sur les trois derniers mois : entre février et avril 2025, en données brutes, le volume global de créations chute de -1,1 % comparé à l’année précédente. Dans ce laps de temps, les entreprises individuelles classiques reculent fortement (-17,2 %), tandis que les sociétés progressent modérément (+3,2 %), confirmant un glissement progressif vers des structures plus solides et pérennes.

Selon l’Insee, ce glissement témoigne d’une mutation des modèles entrepreneuriaux. Les créateurs semblent délaisser les formes individuelles classiques, probablement jugées plus risquées ou moins adaptées au contexte économique, au profit du statut de microentrepreneur — plus flexible — ou de la création de sociétés, jugées plus crédibles pour les partenariats et la recherche de financements.

🏗️ Des contrastes sectoriels marqués, entre envolées et repli

Tous les secteurs n’affichent pas la même santé. Le secteur des transports et de l’entreposage connaît une véritable explosion des immatriculations : +20,5 %, après un recul sévère de -10,7 % le mois précédent. Le commerce (y compris la réparation automobile et moto) affiche aussi une remontée solide de +6,4 %, suivi de près par l’industrie, qui enregistre un impressionnant +11,9 %, effaçant en partie le recul de -12,1 % enregistré en mars.

En revanche, le secteur des services aux particuliers, notamment dans les domaines de l’aide à domicile ou du soutien scolaire, accuse une baisse de -1,5 %, seul secteur à afficher un recul en avril. Ce repli modéré mais symbolique pourrait s’expliquer par un essoufflement de la demande ou une prudence accrue des porteurs de projet dans un contexte inflationniste, et un environnement fiscal des moins certains.

Sur une vision annuelle, de mai 2024 à avril 2025, les créations progressent légèrement de +1,4 %, soutenues par les sociétés (+3,5 %) et les microentreprises (+2,9 %). À l’inverse, les entreprises individuelles classiques plongent de -12,6 %, soulignant une transformation durable dans les modes de création.

Autre fait marquant : la construction, pourtant traditionnel pilier de l’activité économique, voit son volume de créations se contracter significativement avec 3 200 créations en moins sur un an. À l’inverse, les transports et l’entreposage compensent cette baisse en affichant +4 700 créations sur la même période, témoignant d’une réallocation progressive des dynamiques entrepreneuriales vers des filières logistiques, sans doute boostées par le e-commerce et les nouveaux modes de consommation.

Comme l’analyse l’Insee dans sa note du 10 mai :

le rebond observé en avril s’inscrit dans un contexte de transformation des habitudes entrepreneuriales, entre recherche de souplesse et besoin de structure

Une mutation en marche.

👁️ L’œil de l’expert : un arbre qui cache la forêt

Ce sursaut dans les créations d’entreprises ne doit pas masquer une fragilité sous-jacente. Si avril montre un rebond prometteur, les tendances trimestrielles et les disparités sectorielles révèlent une économie encore hésitante. Le recul des entreprises individuelles classiques illustre une défiance croissante face aux modèles solitaires. En parallèle, la poussée des microentreprises et des sociétés confirme que les porteurs de projets cherchent aujourd’hui des cadres plus adaptés à l’incertitude et à l’exigence du marché. La résilience du tissu entrepreneurial français dépendra de la capacité des politiques publiques à accompagner cette mutation structurelle.

À propos de l'auteur

Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français