Dégradation surprise de la note de la France par Moody’s : une situation complexe
Vendredi soir, peu après la nomination de François Bayrou au poste de premier ministre, l’agence de notation Moody’s a dégradé la note de la France à Aa3, la classant au seuil inférieur des catégories dites « hautes ». Cette décision marque un véritable tournant, car c’est la première fois depuis des décennies qu’une grande agence de notation réduit ainsi la note de la dette souveraine française. Les raisons avancées incluent des perspectives budgétaires fragiles et une instabilité politique qui compromettent la capacité à réduire le déficit public.
🧨 Une première dans un contexte tendu
Peu après la chute du gouvernement Barnier et l’arrivée de François Bayrou à Matignon, c'est avec surprise que nous avons appris l'abaissement de la note de la dette souveraine française par l'agence de notation Moody's. La crise politique actuelle, marquée par un blocage sur le budget 2025, a joué sans aucun doute un rôle déterminant dans cette décision. Moody’s avait déjà mis la France sous « perspective négative » en octobre, signalant son scepticisme quant à la réduction du déficit public, prévu de 6,1 % à 5 % du PIB d’ici 2025.
🗳️ Fragmentation politique et ses conséquences économiques
L’échec du vote budgétaire, conséquence directe de l’adoption d’une motion de censure contre le gouvernement Barnier, a irréversiblement aggravé les tensions politiques intérieures. Cette situation a conduit le président Macron à recourir à une loi spéciale pour garantir la continuité des services publics et surtout leur financement. Moody’s estime donc que cette « impasse politique » alourdit le coût de financement de la dette en augmentant la prime de risque sur les obligations françaises.
Pourtant, malgré cette turbulence, les dernières émissions d’obligations ont suscité une demande élevée, montrant que les marchés conservent une certaine confiance. Cependant, les perspectives de consolidation budgétaire restent incertaines, notamment face à une dette publique élevée, atteignant 110 % du PIB.
👀 Réactions et stratégies gouvernementales
Antoine Armand, ancien ministre de l’Économie, a minimisé l’impact de cette décision, rappelant que la priorité du nouveau Premier ministre est la réduction du déficit. François Bayrou lui-même a adopté une posture stricte, affirmant que la dette constitue un « enjeu moral » pour le pays. Dans son discours inaugural, il a réitéré son engagement à rétablir l’équilibre des finances publiques.
Pour atteindre cet objectif, le gouvernement devra réconcilier des positions parlementaires divergentes et faire adopter des budgets en début d’année prochaine. Les mesures prévues incluent des réformes structurelles et des économies significatives, bien que ces efforts soient confrontés à des résistances politiques de tous bords.
🚦Enjeux pour l’avenir économique
Malgré cette dégradation initiée par Moody's, des facteurs positifs subsistent. La baisse des taux directeurs de la BCE a réduit la pression sur le coût de la dette. De plus, le « spread » entre les obligations françaises et allemandes reste contenu, indiquant une certaine stabilité sur les marchés.
Cependant, l’incapacité à présenter un budget avant la fin de l’année 2024 est une première depuis 1979. La priorité pour 2025 sera donc de restaurer la confiance des marchés et des agences de notation, tout en naviguant dans un contexte politique fragmenté. Si les efforts pour réduire le déficit à long terme échouent, la France pourrait faire face à de nouvelles dégradations.
À propos de l'auteur
Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français