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Photo du F-35 Lightning II en vol, fleuron de l’industrie aéronautique américaine
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F-35 : nouvelle victime collatérale de la stratégie géopolitique de TRUMP ?

Le F-35 Lightning II, fleuron de l’industrie aéronautique américaine, est devenu un symbole d’innovation militaire et de puissance diplomatique. Avec plus de 1 100 unités exportées dans une vingtaine de pays, cet avion furtif, conçu par Lockheed Martin, s’est imposé comme une référence mondiale, aux côtés du Rafale français, vendu à 507 exemplaires. Pourtant, malgré ses performances et son succès commercial, le F-35 se retrouve aujourd’hui pris dans les turbulences d’un protectionnisme accru, initié sous la présidence de Donald Trump. En cause : une politique douanière qui menace l’équilibre économique d’un programme ultra-mondialisé.

🚦Un écosystème industriel international fragilisé par les droits de douane

L’architecture industrielle du F-35 repose sur un maillage complexe de plus de 1 900 fournisseurs répartis sur une douzaine de pays alliés. Parmi eux : le Royaume-Uni, l’Australie, le Danemark, la Norvège, ou encore l’Italie, dont l’entreprise Leonardo fabrique les ailes de l’appareil, tandis que Martin-Baker (Royaume-Uni) produit le siège éjectable. Ce modèle de co-développement a été rendu possible par des échanges libres de barrières tarifaires entre partenaires occidentaux. Mais cette dynamique est remise en cause.

En annonçant un doublement des tarifs douaniers à l’égard de plusieurs de ces nations, Donald Trump a introduit un facteur de déséquilibre majeur. Christopher Calio, PDG du groupe RTX, maison-mère de Pratt & Whitney (qui fournit les moteurs du F-35), a déjà alerté sur un impact estimé à 850 millions de dollars de pertes liées aux nouvelles taxes. Si Lockheed Martin tente de rassurer en évoquant des stocks tampon et une répercussion partielle des coûts sur les clients internationaux, cette stratégie ne suffira pas à compenser durablement les effets d’une hausse structurelle des prix.

⚠️ Un programme de défense stratégique menacé par des choix politiques unilatéraux

L’effet domino de cette décision dépasse le seul cadre de l’industrie aéronautique. Le F-35 est un pilier stratégique des forces de l’OTAN et des alliés américains, et son coût inflationniste pourrait fragiliser les coopérations militaires transatlantiques. Kevin Cramer, sénateur républicain du Dakota du Nord et membre influent de la commission des forces armées, alerte : « Sans dérogations spécifiques, le F-35 va devenir sensiblement plus cher », selon des propos rapportés par The Wall Street Journal. Une situation qui complique l'équation budgétaire de nombreux partenaires européens déjà engagés dans le programme.

Face à ces tensions, certains élus appellent à l’instauration d’exemptions tarifaires liées à la défense. Si un moratoire de 90 jours a été instauré pour l’ensemble des pays concernés, hors Chine, l’absence de solution pérenne pourrait ralentir les livraisons, alourdir les coûts et, in fine, nuire à la crédibilité industrielle des États-Unis en matière d’armement.

👁 L’œil de l’expert

Le cas du F-35 illustre avec acuité les conséquences inattendues d’un repli commercial dans un monde interdépendant. En tentant de protéger certains pans de l’industrie nationale, la politique douanière de l’administration Trump risque de compromettre l’un des programmes militaires les plus ambitieux de la décennie. Ce bras de fer tarifaire, en s’insinuant dans les chaînes d’approvisionnement de la défense, pourrait paradoxalement fragiliser la souveraineté stratégique que ces mêmes politiques entendent renforcer. Une fois encore, l’économie mondialisée rappelle qu’aucune puissance, aussi dominante soit-elle, ne peut se permettre de tourner le dos à ses alliés industriels.

À propos de l'auteur

Spécialiste SEO et Data Analyst, Antoine Spaeter apporte à CréditNews son expertise en analyse de données et en acquisition de trafic. Avec plus de 15 années d'expérience en entrepreneuriat et en gestion de projets techniques, il s'est spécialisé dans l'interprétation des chiffres. Rigoureux et curieux, Antoine contribue également à la stratégie éditoriale de CréditNews, garantissant une approche précise et pédagogique des contenus proposés.