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Panneau annonçant une liquidation d'entreprise à la porte d'une agence de tourisme
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Faillites d’entreprises : vers une accalmie après la tempête économique ?

Alors que l’économie française se remet lentement de plusieurs chocs exogènes – crises sanitaires, inflation, tensions géopolitiques – une tendance se dessine en 2025 : les défaillances d’entreprises, bien qu’encore élevées, commencent à ralentir. D’après les dernières données publiées par le cabinet Altares, 16 586 entreprises ont été défaillantes au deuxième trimestre. Un chiffre qui, bien qu’impressionnant, marque un essoufflement de la hausse amorcée depuis 2024.

« À mi-année, ce sont un peu plus de 35 000 entreprises qui ont poussé la porte des tribunaux », commente Thierry Millon, directeur des études chez Altares. Il nuance toutefois : « On a une situation d'amélioration, même si on est à un niveau de défaut historique ».

📊 Secteurs et régions : une fracture économique persistante

La dynamique des faillites est loin d’être homogène. Certaines filières continuent de s’enfoncer tandis que d’autres amorcent un rebond timide. Le BTP, secteur historiquement sinistré, reste le plus touché avec un quart des défaillances (4 183 procédures). Toutefois, cette industrie montre des signes de répit avec un recul général de 5 %, tiré notamment par les travaux publics (-14 %), le gros œuvre (-7 %) et le second œuvre (-3 %).

En revanche, d'autres secteurs subissent de plein fouet les pressions économiques. Les activités culturelles et de loisirs enregistrent une explosion des défaillances (+28 %), tout comme l’agriculture, en particulier les exploitations céréalières et viticoles (+10 %). Les taxis, eux, vivent un véritable effondrement économique avec une envolée de 57 % des faillites.

La taille des structures joue aussi un rôle décisif : les PME de 6 à 19 salariés, bien qu’en légère amélioration (-1 %), restent sous tension avec 1 773 défaillances recensées. Les plus petites entreprises (moins de 5 salariés), qui concentrent 86 % des cas, voient également la pression se relâcher.

Côté géographie, la Loire-Atlantique est frappée de plein fouet avec une hausse de 36 % des faillites, entraînant l’ensemble des Pays de la Loire dans une spirale ascendante (+12 %). L’Île-de-France se stabilise (-2 %), même si certains départements comme l’Essonne affichent encore des niveaux d’alerte (+24 %).

💶 Facteurs conjoncturels et signaux de détente

Les raisons de cette inflexion sont multiples. En premier lieu, un « effet de purge » économique : comme le résume Thierry Millon :

les entreprises les plus en souffrance sont déjà tombées.

Ce nettoyage mécanique du tissu entrepreneurial a, paradoxalement, contribué à assainir temporairement les statistiques.

Autre facteur déterminant : les remboursements des Prêts Garantis par l’État (PGE), qui ont intensifié les défauts en avril mais dont l’effet s’estompe. La décrue observée depuis mai est également liée à une saisonnalité favorable : le ralentissement de l’activité juridique pendant les congés d’été diminue mécaniquement le nombre de nouvelles procédures.

Altares anticipe un troisième trimestre relativement calme, et envisage un ralentissement plus marqué à l’horizon de fin d’année. Toutefois, la prudence reste de mise : les incertitudes politiques en France et les tensions internationales pourraient encore rebattre les cartes. Le niveau de vigilance reste donc élevé, notamment dans les filières structurellement fragiles ou en mutation.

👁 L’œil de l’expert

La décrue des défaillances ne signifie pas un retour à la normale. Elle traduit surtout une adaptation douloureuse du tissu économique, qui laisse sur le carreau de nombreuses entreprises mal capitalisées ou trop exposées aux hausses de charges. Les aides publiques, bien qu’efficaces à court terme, n’ont pas permis à toutes les structures de se transformer durablement. Les prochains mois seront déterminants pour identifier si cette accalmie est conjoncturelle ou annonciatrice d’une véritable résilience économique.

À propos de l'auteur

Responsable du développement commercial au sein du Groupe Win'Up, Vanessa accompagne des entrepreneurs dans leur projet de création et participe au développement de la notoriété des enseignes du groupe. Sensible aux sujets économiques et financiers, Vanessa partage son avis sur les actualités.