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Photo de deux femmes échangeant sur le contexte du marché de l'intérim
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L’effondrement de l’intérim : une alerte très sérieuse pour l’emploi en France

L’intérim, traditionnellement un tremplin vers l’emploi stable pour de nombreux travailleurs, traverse une crise sans précédent. En 2024, l’activité dans ce secteur a chuté de 7,3 %, marquant une baisse consécutive sur deux années. Cette tendance inquiétante n’est pas seulement liée à des facteurs économiques immédiats, mais aussi à une concurrence croissante des micro-entrepreneurs, qui s'avèrent plus attractifs financièrement pour les entreprises. Si les chiffres sont alarmants, ils révèlent des dynamiques profondes qui méritent une analyse poussée.

🔍 Une conjoncture économique défavorable et ses conséquences sectorielles

L’affaiblissement de l’intérim ne se limite pas à une simple tendance générale. Les secteurs qui en dépendent le plus subissent des baisses considérables. L’industrie a ainsi observé un recul de 8,2 % de l’intérim, particulièrement impacté par les crises spécifiques à certains acteurs, comme la dégringolade du constructeur automobile Volkswagen en 2024. Selon Gilles Lafon, président de Prism’emploi,

la faible consommation des ménages, associée à un climat politique incertain, a pesé lourdement sur l’investissement des entreprises et l’emploi.

Le secteur du transport n’a pas été épargné non plus, avec une chute de 7,1 % en 2024, accentuée par les perturbations des fêtes de fin d’année. Ces baisses traduisent une instabilité économique qui s'étend bien au-delà des frontières des grandes entreprises et frappe durement l'emploi temporaire.

🧑‍🔧 Le rôle de la concurrence des micro-entrepreneurs et les enjeux sociaux

L’émergence des micro-entrepreneurs représente un véritable défi pour l’intérim. Leur coût horaire, inférieur de 50,8 % à celui des intérimaires, attire de plus en plus les entreprises qui cherchent à externaliser des missions pour alléger leurs coûts de main-d'œuvre. Isabelle Eynaud-Chevalier, déléguée générale de Prism’emploi, souligne que cette concurrence crée une forme de "concurrence déloyale". Les travailleurs indépendants ne bénéficient en effet ni de la couverture sociale des intérimaires ni de leurs avantages, tels que les congés payés. Cela soulève une question fondamentale : quel avenir pour l’intérim, une voie traditionnellement utilisée pour accéder à un emploi stable ? En 2024, l’Observatoire de l’intérim et du recrutement (OIR) révélait que, bien que seulement 17 % des travailleurs intérimaires étaient employés à leur entrée en intérim, 60 % avaient trouvé un emploi stable un an plus tard. Ce modèle pourrait pourtant s’effondrer si l’intérim continue de se réduire, menaçant ainsi de priver de nombreux travailleurs d’une opportunité d’intégration professionnelle.

👁 L'œil de l'expert : Une prise de conscience nécessaire pour l'avenir de l’emploi

La crise de l’intérim soulève plusieurs défis majeurs pour l’avenir du marché du travail en France. D'un côté, les difficultés économiques et la concurrence accrue des micro-entrepreneurs fragilisent un secteur clé pour l'emploi temporaire. De l’autre, cette situation révèle les limites d’un modèle économique où les travailleurs indépendants sont souvent privés des protections sociales fondamentales. L’intérim étant un vecteur d’insertion, sa réduction pourrait priver de nombreux jeunes et chômeurs de la possibilité d’accéder à un emploi stable. Il devient donc crucial de réévaluer les politiques du travail temporaire pour garantir la protection des travailleurs et soutenir les secteurs économiques en difficulté.

À propos de l'auteur

Responsable du développement commercial au sein du Groupe Win'Up, Vanessa accompagne des entrepreneurs dans leur projet de création et participe au développement de la notoriété des enseignes du groupe. Sensible aux sujets économiques et financiers, Vanessa partage son avis sur les actualités.