L’euro à Sofia : une révolution monétaire qui divise la population bulgare
La Bulgarie franchit une étape historique. Le 8 juillet 2025, les ministres des Finances de l’Union européenne valideront l’entrée du pays dans la zone euro. Sofia deviendra ainsi, à compter du 1er janvier 2026, le 21e membre de l’union monétaire. Une décision à forte portée économique et politique, mais qui suscite de vives controverses dans la population, à l’heure où près d’un Bulgare sur deux redoute cette bascule. Entre promesses de croissance et craintes d’inflation, l’adoption de l’euro par le pays le plus pauvre de l’Union européenne ne laisse personne indifférent.
🧮 Une adhésion conforme aux règles… mais pas sans résistance
Le feu vert de Bruxelles repose sur des fondations techniques solides. Dans son rapport du 4 juin, la Commission européenne a confirmé que la Bulgarie remplissait les quatre critères fondamentaux pour entrer dans la zone euro :
- maîtrise de l’inflation
- discipline budgétaire
- stabilité de la monnaie
- et convergence des taux d’intérêt.
Autant de signaux d’une économie suffisamment alignée avec les standards monétaires européens. Mais cette conformité macroéconomique ne suffit pas à dissiper les tensions. À Sofia, des milliers de manifestants sont récemment descendus dans la rue, inquiets de voir les prix s’envoler une fois l’euro en circulation. Le scepticisme est palpable : selon les derniers sondages, près de 50 % des Bulgares sont opposés à cette transition. Ce climat tendu alimente la rhétorique eurosceptique, dans un pays où l’euro est encore perçu par beaucoup comme un risque plus qu’une opportunité.
💼 Une promesse économique majeure pour l’Europe de l’Est
Si l’entrée de la Bulgarie suscite le débat, elle est saluée comme un signal fort par Bruxelles. « Félicitations Bulgarie ! », s’est exclamée Ursula von der Leyen, qui y voit « une économie domestique plus forte », l’arrivée de nouveaux capitaux étrangers, ainsi que « plus d’emplois de qualité et de meilleurs revenus ». La présidente de la Commission européenne n’a pas hésité à qualifier cette adhésion de levier stratégique pour la convergence économique des pays de l’Est.
Avec ses 6,4 millions d’habitants, la Bulgarie viendra porter la population de la zone euro à près de 360 millions de citoyens. Elle rejoint ainsi la liste des dernières recrues : Slovénie (2007), Malte et Chypre (2008), Slovaquie (2009), puis plus récemment les États baltes et la Croatie en 2023. Seul le Danemark, qui a obtenu une dérogation en 2000 après référendum, reste volontairement à l’écart. Pour les autres pays candidats, dont la Roumanie, la barre est désormais placée un peu plus haut.
👁️ L’œil de l’expert : transformer l'essai
L’intégration de la Bulgarie dans la zone euro marque une nouvelle étape dans l’extension vers l’Est de l’union monétaire. Sur le plan symbolique, c’est une avancée vers une Europe plus unifiée. Sur le plan économique, c’est une promesse de stabilisation et d’attractivité, à condition que les mécanismes de contrôle des prix soient rigoureusement appliqués. L’expérience de la Croatie, un an plus tôt, montre que la transition peut être contenue – à condition d’une préparation pédagogique et politique intense. Pour la Bulgarie, le véritable défi commence maintenant : rassurer sa population, tout en capitalisant sur cette ouverture pour moderniser son économie.
À propos de l'auteur
Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français