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Photo du drapeau de l'Union européenne, flottant aux vents, sous un ciel bleu
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L'euro toujours plus fort face au dollar : les gagnants et les perdants en Europe

En l’espace de trois mois, l’équilibre fragile entre l’euro et le dollar s’est sensiblement modifié. Alors qu’ils frôlaient encore la parité début 2025, la monnaie européenne s’échange désormais à 1,14 dollar. Un mouvement de grande ampleur, déclenché par la politique économique américaine sous la présidence Trump, qui entraîne des conséquences contrastées pour les différents acteurs économiques européens. Les consommateurs y voient un soulagement bienvenu, notamment à la pompe, tandis que les industriels exportateurs commencent à redouter les effets délétères d’une monnaie trop forte.

↗️ Une monnaie européenne puissante : gain immédiat pour les ménages

L’appréciation de l’euro face au dollar agit comme un levier direct sur les dépenses quotidiennes des Français. En premier lieu, l’impact se fait sentir sur les prix de l’énergie. Le pétrole étant coté en dollars, un euro plus fort signifie un baril moins cher pour les acheteurs européens.

Le prix du pétrole étant en dollars, on le paye un peu moins cher. Il y a aussi une réduction du coût de transport pour l’ensemble des biens

explique Christophe Blot, économiste à l’OFCE. Ce double effet — baisse du baril et repli des coûts logistiques — contribue à alléger les prix du carburant en France, ce qui soulage les automobilistes.

Par ailleurs, le pouvoir d’achat des touristes français aux États-Unis est mécaniquement renforcé. Chaque euro dépensé à New York ou San Francisco offre davantage de dollars en contrepartie qu’auparavant, rendant les séjours outre-Atlantique plus abordables.

⚠️ Revers de la médaille : menace sur la compétitivité des exportateurs

Mais cette dynamique, bénéfique pour les particuliers, suscite de vives inquiétudes côté entreprises. Un euro qui monte entraîne un renchérissement des produits européens sur les marchés internationaux. Résultat : les biens manufacturés français ou allemands deviennent moins compétitifs face à leurs équivalents américains ou asiatiques.

Nos exportations vont perdre un peu en compétitivité, ce qui va les pénaliser à l’exportation

avertit Christophe Blot, précisant que l’effet est encore limité mais pourrait s’accentuer si la monnaie unique poursuivait son ascension. Ce désavantage peut impacter particulièrement les secteurs industriels tournés vers l’export, comme l’aéronautique, l’agroalimentaire ou l’automobile, dans un contexte global déjà marqué par une reprise inégale.

👁 l'œil de l'expert : un équilibre à surveiller

La montée de l’euro traduit avant tout une défiance accrue envers le dollar, nourrie par l’instabilité provoquée par la politique commerciale agressive de Donald Trump. L’annonce, relayée par The Wall Street Journal, d’un éventuel recul sur les droits de douane dans le secteur automobile confirme les tensions sur les marchés et les incertitudes économiques aux États-Unis.

Si cette tendance persiste, elle pourrait rebattre les cartes des échanges internationaux. Un euro trop fort, s’il dure, deviendra un frein à la croissance des économies européennes les plus tournées vers l’export. L’enjeu, pour la zone euro, est de tirer parti des avantages immédiats pour les consommateurs tout en préservant la compétitivité de son industrie à moyen terme.

À propos de l'auteur

Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français