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Photo d'une voiture électrique, en situation de recharge, près d'une borne, dans un garage
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Marché auto en chute libre : la crise s’installe durablement en France

Les chiffres de mai 2025 confirment une tendance inquiétante : le marché des voitures neuves en France est en berne. Entre dégringolade des ventes, désintérêt croissant pour l’électrique et confiance des ménages au plus bas, l’industrie automobile subit un choc structurel. Face à une équation économique défavorable et des incertitudes géopolitiques persistantes, la filière vacille.

📉 Recul généralisé : tous les constructeurs touchés, l’électrique aussi

Le mois de mai a signé un nouveau coup dur pour le secteur automobile français, avec seulement 123 919 immatriculations. Un chiffre historiquement bas, marquant le cinquième mois consécutif de repli, soit -12,3 % par rapport à l’an dernier. Ce repli, selon les données compilées par Le Figaro, n’épargne aucun des grands constructeurs.

Le groupe Stellantis, leader du marché avec ses marques Peugeot, Citroën, Opel ou encore Fiat, accuse une baisse de 10,1 %, soit 34 441 véhicules. Renault, un peu plus stable grâce au succès de Dacia, limite la casse avec une contraction de 7 %. Mais c’est Toyota qui paie le plus lourd tribut, avec un effondrement de 25 %, reflet d’un ralentissement marqué sur le segment hybride.

Le segment électrique, autrefois perçu comme l’eldorado de la relance industrielle, n’échappe plus à la morosité. Bien que sa part de marché reste stable (18 %), les volumes chutent : -7 % sur un an en mai. Le cas de Tesla est emblématique : seulement 721 véhicules vendus, soit une baisse de 67 % par rapport à l’année précédente. Depuis janvier, la marque d’Elon Musk affiche une chute de 50 % de ses immatriculations dans l’Hexagone. Une dynamique négative qui s’explique aussi par la mauvaise presse entourant le dirigeant de la firme californienne, dont les sorties controversées fragilisent la marque.

🔍 Conjoncture défavorable et repli stratégique des ménages

Au-delà des performances commerciales, la crise trouve ses racines dans une conjoncture économique minée par la défiance des consommateurs. L'achat d'un véhicule neuf, bien durable par excellence, est de plus en plus repoussé. Selon les indicateurs économiques récents, la confiance des ménages est au plus bas depuis une décennie.

La hausse des taux d’intérêt, conséquence directe de la politique monétaire menée contre l’inflation, rend les financements automobiles moins accessibles. Parallèlement, le coût des matériaux utilisés dans la fabrication des véhicules – notamment des batteries – est impacté par la guerre commerciale entre Washington et Pékin, qui continue de perturber les chaînes logistiques mondiales.

Dans ce contexte, les voitures d’occasion tirent leur épingle du jeu. Moins chères et immédiatement disponibles, elles deviennent une solution refuge pour de nombreux Français, désireux de rouler sans grever leur budget. Cette réorientation de la demande illustre une tendance de fond : la prudence prévaut sur l’envie de nouveauté, tant que l’environnement économique ne s’améliore pas.

👁️ L’œil de l’expert : un rebond hypothétique sans impulsion politique forte

La filière automobile, pilier de l’économie française, entre dans une zone de turbulences prolongées. Le reflux des ventes n’est plus conjoncturel mais semble s’ancrer structurellement, avec des facteurs multiples et durables : baisse de pouvoir d’achat, désaffection pour le neuf, instabilité géopolitique et transition énergétique mal maîtrisée.

Sauf retournement macroéconomique ou intervention ciblée des pouvoirs publics, aucun signe tangible de redressement ne se profile à court terme. La mise en place d’aides au financement, de primes à la conversion ou de soutiens à la production nationale pourrait jouer un rôle d’amortisseur. Mais sans stratégie claire, le marché risque de s’installer dans une crise profonde.

À propos de l'auteur

Conseiller financier chez FiniDeMePriver.com depuis près de 2 ans, Enzo Poulain met son expertise au service de ses clients en leur proposant des solutions sur mesure pour optimiser leur budget et simplifier la gestion de leurs finances. Doté d’un sens aigu du détail et d’un réel engagement pour le travail bien fait, Enzo partage également des astuces pratiques pour aider chacun à maintenir un budget équilibré et adapté à ses besoins.