Poutine durcit le ton : “Étrangler” les entreprises occidentales restées en Russie
Le Kremlin passe à l’offensive économique : la rhétorique de confrontation ne faiblit pas à Moscou. Le président russe Vladimir Poutine a lancé un avertissement sans détour aux entreprises occidentales encore présentes en Russie. En pleine réunion avec des entrepreneurs russes, le chef du Kremlin a appelé à des mesures de rétorsion claires contre celles qui, selon lui, continuent d’opérer en Russie tout en agissant à l’encontre des intérêts du pays. Une posture offensive qui s’inscrit dans la stratégie de souveraineté numérique et industrielle russe, et qui vise à isoler davantage les acteurs économiques jugés indésirables, notamment dans le secteur des technologies.
💻 Technologie, sanctions et représailles : Moscou serre la vis
Alors que les géants américains du numérique, tels que Zoom et Microsoft, n’assurent plus qu’un service minimal sur le marché russe, le Kremlin intensifie ses accusations.
Nous devons les étrangler. Je suis complètement d’accord, et je le dis sans hésitation
a déclaré Vladimir Poutine, réagissant à une proposition d’un entrepreneur russe, selon laquelle les firmes technologiques occidentales devraient être ciblées par des restrictions. 🎯
Depuis l'invasion de l’Ukraine en février 2022, les sanctions économiques imposées par les alliés de Kiev ont entraîné le départ massif de groupes occidentaux, ou du moins une réduction drastique de leurs opérations dans le pays. Ce retrait progressif est désormais perçu par le Kremlin comme un acte d’hostilité ouvert. Le président russe accuse ces entreprises de profiter autrefois de conditions favorables en Russie pour ensuite tenter, selon ses mots, de « nous étrangler ».
Mais le message est clair : le Kremlin entend répliquer à la mesure de ce qu’il considère comme des attaques économiques, en rendant plus complexes les conditions d’exploitation pour les entreprises encore implantées, ou celles qui envisageraient un retour à moyen terme.
🔄 Le Kremlin verrouille les portes de sortie (et d'entrée)
Dans les faits, Moscou a déjà mis en œuvre plusieurs mécanismes pour rendre plus coûteux le retrait des firmes étrangères. Depuis plusieurs mois, celles qui souhaitent se désengager du marché russe doivent vendre leurs actifs à des prix fortement décotés, souvent à leurs filiales locales ou à des acteurs russes proches du pouvoir.
Cependant, des signaux ambigus subsistent. Kirill Dmitriev, directeur du fonds souverain russe et envoyé spécial de Poutine pour les relations économiques internationales, a récemment affirmé avoir reçu « de nombreuses demandes de sociétés américaines souhaitant revenir » sur le territoire russe. Un paradoxe qui en dit long sur les tensions entre impératifs économiques et considérations politiques.
Mais la ligne rouge est clairement tracée : un retour ne serait pas sans conditions. En avril, Poutine a clairement évoqué le cas de McDonald’s, qualifiant la sortie précipitée du géant américain de « trahison économique ». Il lance avec amertume:
Ils sont partis, et maintenant, s’ils veulent revenir, sommes-nous censés leur dérouler le tapis rouge ? Non, bien sûr que non
Certaines entreprises, plus prudentes, ont structuré leur départ en incluant des clauses de rachat potentiel, laissant entrevoir la possibilité d’un retour à moyen terme. Mais dans l’environnement actuel, ces scénarios semblent peu viables, tant l’ambiance est à la fermeture plutôt qu’à la réconciliation.
👁 L’œil de l’expert : entre idéologie, stratégie industrielle et isolement assumé
📉 Cette nouvelle sortie de Vladimir Poutine confirme une radicalisation économique de la Russie, qui cherche à nationaliser ses secteurs stratégiques tout en consolidant une forme d’autarcie technologique. Le message envoyé aux investisseurs étrangers est double : soit vous êtes loyaux, soit vous êtes des cibles. Derrière cette posture guerrière, le Kremlin poursuit aussi un objectif interne : relancer l’industrie locale du logiciel en profitant du vide laissé par les mastodontes étrangers. Mais à moyen terme, l’isolement économique pourrait coûter cher à la Russie, notamment en matière de compétitivité technologique et d’innovation.
Enfin, cette tension entre fermeture politique et tentatives de retour économique reflète un jeu à plusieurs niveaux, où Moscou tente de concilier une posture souverainiste avec une nécessité tacite de garder certains canaux ouverts — ne serait-ce que pour des raisons financières.
À propos de l'auteur
Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français