Shein, Temu : l’Europe contre-attaque avec une taxe de 2 € sur les colis chinois
Face au déferlement des colis asiatiques, Bruxelles serre la vis. L’Europe veut reprendre le contrôle sur le flot massif de colis à bas prix en provenance de Chine. Face à l’essor fulgurant du commerce en ligne via des plateformes comme Shein ou Temu, la Commission européenne propose une mesure choc : un prélèvement forfaitaire de 2 € sur chaque colis de faible valeur entrant dans l’Union européenne.
Ce projet, dévoilé mardi devant le Parlement européen à Bruxelles par Maros Sefcovic, commissaire européen au Commerce, vise à mieux encadrer une explosion logistique et commerciale qui échappe encore en grande partie aux mailles du filet fiscal et douanier.
🗣️ « On parle de deux euros par paquet, payé par la plateforme », a-t-il précisé. Le coût ne sera donc pas directement répercuté sur le consommateur — du moins en apparence.
📈 4,6 milliards de colis de petits paquets
L’année dernière, plus de 4,6 milliards de petits paquets ont franchi les frontières de l’Union européenne, une grande majorité expédiés de Chine. Ces envois de faible valeur, souvent exonérés de droits de douane, saturent les systèmes postaux, complexifient les contrôles de sécurité et échappent largement aux régulations européennes.
L’idée de la Commission est double : récupérer une partie de la manne économique liée à ce flux massif, et renforcer les moyens de contrôle douanier. Ces deux euros serviraient en effet à financer des inspections plus systématiques pour s’assurer du respect des normes sanitaires, sécuritaires et environnementales, souvent contournées dans le cas des produits à bas prix.
Ce virage réglementaire intervient alors que les États-Unis ont déjà durci leurs propres conditions d’importation sur les petits colis chinois, entraînant une chute de 65 % des envois vers le marché américain sur les trois premiers mois de 2025, selon les données officielles chinoises. Conséquence directe : le volume des expéditions vers l’Europe a, lui, bondi de 28 %.
📦 L’UE redoute donc un effet de "vase communicant", avec un redéploiement des flux commerciaux vers le Vieux Continent, plus souple, moins réglementé, et donc plus vulnérable.
🛑 Cette hausse exponentielle de colis met aussi en difficulté les politiques européennes de consommation responsable, de réduction des émissions de CO₂ et de lutte contre les produits non conformes ou contrefaits.
👁 L’œil de l’expert : signal politique fort à l'impact économique flou
Cette taxe de 2 € par colis, bien que modeste à l’échelle individuelle, représente un changement de paradigme dans la gestion du e-commerce international. En ciblant directement les plateformes comme Shein ou Temu, Bruxelles adresse un message clair sur sa volonté de réguler un commerce transfrontalier de plus en plus dominant, mais peu encadré.
Cependant, des incertitudes demeurent : comment garantir que le surcoût ne sera pas, in fine, répercuté sur les consommateurs ? Et surtout, quelle efficacité réelle ces deux euros auront-ils face à une dynamique commerciale portée par des marges colossales et des coûts de production extrêmement bas ?
Cette proposition marque toutefois une prise de conscience politique cruciale. Dans un contexte de guerre commerciale, de transition écologique et de souveraineté économique, l’Europe affirme qu’elle ne veut plus être la passoire du commerce mondialisé low-cost.
À propos de l'auteur
Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français