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Photo du président Donal Trump, haranguant les foules, lors d'un meeting
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Trump célèbre un accord transatlantique stratégique avec Londres, mais les limites s'imposent

Alors que la guerre commerciale lancée par les États-Unis redessine les flux mondiaux, Washington et Londres viennent de sceller un accord présenté par Donald Trump comme un jalon historique. Derrière cette annonce spectaculaire se cache un compromis aux contours plus mesurés, révélateur des ambitions américaines et des équilibres géopolitiques post-Brexit.

🚜 Une vitrine politique pour Trump : agriculture, automobile et symboles forts

Le président américain a profité du 8 mai — date symbolique de la victoire des Alliés en 1945 — pour dévoiler un accord qu’il qualifie de « percée majeure » avec le Royaume-Uni, estimant que sa portée est « maximale ». « C’est un jour spécial, un accord capital », a affirmé Donald Trump lors d’une conférence de presse à la Maison Blanche, insistant sur les avantages qu’en tireraient les producteurs agricoles américains.

Selon lui, le Royaume-Uni s’est engagé à ouvrir son marché à « quasiment tous les produits que produisent nos chers agriculteurs », citant notamment le bœuf américain et l’éthanol. Côté industriel, l’automobile britannique bénéficiera d’une baisse significative des droits de douane américains, passant de 27,5 % à 10 % pour un quota de 100 000 véhicules par an. Bentley, Jaguar ou Aston Martin — qui réalisaient en 2024 près de 27,4 % de leurs exportations vers les États-Unis — pourraient en tirer un avantage compétitif notable.

L’industrie sidérurgique britannique est également soulagée : les taxes américaines de 25 % sur l’acier sont purement et simplement supprimées, permettant la poursuite des exportations vers un marché crucial, comme l’a souligné le gouvernement de Keir Starmer dans un communiqué.

📣 Derrière l’effet d’annonce : un accord sectoriel aux marges étroites

Malgré l’enthousiasme affiché, plusieurs experts nuancent la portée réelle de ce « deal ». Pour Josh Lipsky, directeur géoéconomique à l’Atlantic Council, cet accord était « la moisson la plus facile » pour Washington, avant d’ajouter : « S’il a fallu 40 jours pour en arriver là, ce sera beaucoup plus difficile avec le Japon ou l’Inde ». Paul Ashworth, économiste chez Capital Economics, abonde dans le même sens : ce texte, selon lui, « n’a rien d’un accord complet et exhaustif ».

Par ailleurs, la taxe plancher de 10 % sur toutes les importations aux États-Unis — instaurée le 2 avril — reste en vigueur. Le président américain la qualifie de « taux bas », mais elle maintient une barrière douanière structurelle, même pour les partenaires privilégiés comme le Royaume-Uni.

Sur le volet aéronautique, le ministre du Commerce Howard Lutnick a précisé qu’un contrat portant sur 10 milliards de dollars de commandes de Boeing serait annoncé à Londres, et que les pièces Rolls Royce et autres composants aéronautiques britanniques seraient exemptés de droits de douane.

Cette dynamique s’inscrit dans une stratégie plus large : Donald Trump espère capitaliser sur cet accord pour initier une série de pactes bilatéraux, y compris avec des puissances concurrentes. « D'autres accords vont suivre », a-t-il promis. Néanmoins, l’Union européenne a déjà répliqué en menaçant de taxer 95 milliards d’euros d’importations américaines si les négociations échouaient, préfigurant une suite tendue à la guerre commerciale en cours.

👁 L’œil de l’expert : "coup de com" plus qu’un tournant stratégique

Ce premier accord post-Brexit entre les États-Unis et le Royaume-Uni marque davantage une victoire médiatique qu’un tournant géoéconomique. L’annonce, chargée de symboles et d’effets de manche, permet à Donald Trump de démontrer une capacité à faire aboutir des négociations bilatérales. Mais la portée réelle de ce pacte reste étroite et sectorielle.

Si elle témoigne d’une volonté politique de resserrer les liens anglo-américains, elle illustre surtout la difficulté croissante à bâtir des accords complets dans un contexte où chaque partenaire défend âprement ses intérêts. Pour les grandes puissances commerciales, cet accord testera la solidité du modèle bilatéral prôné par Trump… avec, ou sans succès.

À propos de l'auteur

Spécialiste SEO et Data Analyst, Antoine Spaeter apporte à CréditNews son expertise en analyse de données et en acquisition de trafic. Avec plus de 15 années d'expérience en entrepreneuriat et en gestion de projets techniques, il s'est spécialisé dans l'interprétation des chiffres. Rigoureux et curieux, Antoine contribue également à la stratégie éditoriale de CréditNews, garantissant une approche précise et pédagogique des contenus proposés.