Trump relance la guerre commerciale : surtaxes, tensions et menace sur la croissance mondiale
Juste avant l’ouverture de délicates négociations commerciales à Paris, Donald Trump a sorti l’artillerie lourde. Le président américain a décidé de doubler les droits de douane sur l’acier et l’aluminium importés, portant la surtaxe à 50 %. Derrière cette décision, une stratégie assumée : renforcer l'industrie nationale au nom de la sécurité intérieure, tout en plaçant une pression maximale sur ses partenaires, à l’aube de nouvelles discussions internationales. Mais ce geste unilatéral risque d’envenimer les relations commerciales avec l’Union européenne… et bien au-delà.
🔧 Une escalade tarifaire justifiée par la sécurité nationale
Ce n’est pas une première, mais l’ampleur du geste marque un tournant. Donald Trump a officialisé par décret une hausse spectaculaire des droits de douane sectoriels. L’objectif affiché ? Préserver des secteurs jugés stratégiques comme l’acier et l’aluminium. Dans le texte présidentiel, on peut lire que cette décision vise à garantir que « les importations ne compromettent pas la sécurité nationale ».
Pour autant, la justification va au-delà du seul argument sécuritaire. Selon Trump, les précédentes surtaxes (déjà à 25 % depuis mars) ont soutenu les prix, mais n’ont pas suffi à relancer l’industrie locale :
Les droits de douane ont offert un répit, mais pas les conditions d’un taux d’utilisation des capacités de production viable à long terme.
En toile de fond, la volonté d’encourager le rapatriement des investissements industriels sur le sol américain.
Le spectre de nouveaux secteurs à taxer s’élargit : après l’automobile, les produits pharmaceutiques et les semi-conducteurs pourraient eux aussi être ciblés, malgré certaines barrières juridiques récemment opposées aux mesures jugées discriminatoires.
🤝 Tensions à Paris : l’Europe prépare la riposte
Mercredi 5 juin à Paris, les projecteurs sont braqués sur les coulisses de l’OCDE, où se déroulent des réunions sensibles entre les représentants commerciaux des grandes puissances. Jamieson Greer, émissaire américain, a entamé une série de rencontres tendues avec notamment Maros Sefcovic, le commissaire européen au Commerce.
Ces échanges se déroulent dans un contexte particulièrement électrique : Washington menace explicitement l’Union européenne d’une surtaxe de 50 %, l’accusant de « ne pas négocier de bonne foi ». Une sortie qui hérisse les diplomates européens, d’autant plus que la fenêtre de 90 jours de suspension tarifaire prendra fin le 9 juillet. Une échéance qui pourrait rouvrir brutalement les hostilités.
📩 « L’USTR a envoyé une lettre à tous nos partenaires pour leur rappeler, de manière amicale, que l’échéance approche », a prévenu Karoline Leavitt, porte-parole de la Maison Blanche. Une manière à peine voilée d’exercer une pression politique. Mais Bruxelles n’entend pas rester passive. Des représailles douanières ciblées sont déjà dans les tiroirs.
🌐 Guerre commerciale mondiale : un risque pour la croissance
L’offensive douanière américaine ne se limite pas au Vieux Continent. En marge des discussions à Paris, Jamieson Greer doit aussi rencontrer ses homologues vietnamiens et malaisiens. Une réunion élargie des membres du G7 est également prévue ce mercredi dans les locaux de l’OCDE, alors que le sommet des chefs d’État approche (15 au 17 juin dans les Rocheuses canadiennes).
Côté européen, l’inquiétude monte:
Il faut conserver notre sang-froid, ces droits de douane ne servent l’intérêt de personne, pas même celui des États-Unis
tempère Laurent Saint-Martin, ministre délégué français au Commerce extérieur. Même tonalité chez Katherina Reiche, ministre allemande de l’Économie :
Nous devons trouver un accord rapidement. Le temps presse.
📉 L’OCDE elle-même tire la sonnette d’alarme : la croissance américaine, déjà fragilisée, devrait chuter à 1,6 % en 2025, contre 2,4 % avant l’entrée en fonction de Trump. Et l’impact est mondial. À cela s’ajoutent les tensions avec Pékin, que Trump accuse de freiner volontairement ses exportations de métaux rares malgré un accord signé à Genève en mai. Un nouvel échange avec le président chinois Xi Jinping est annoncé dans les jours à venir.
👁 L’œil de l’expert : la technique du rapport de force
Ce nouveau coup de théâtre tarifaire s’inscrit dans une stratégie bien rodée de Donald Trump : créer un rapport de force brutal avant d’entrer en négociation. Mais à force de tirer sur la corde, le président américain risque de fragiliser la stabilité économique mondiale, au moment où les chaînes d’approvisionnement se reconstruisent lentement après plusieurs années de perturbations. La politique du coup de menton tarifaire, si elle galvanise une partie de son électorat industriel, affaiblit les liens commerciaux et érode la confiance des marchés. Le jeu du bras de fer pourrait bien se retourner contre son propre camp.
À propos de l'auteur
Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français