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Photo de la seule voiture électrique française enregistrant des performances commerciales
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Voiture électrique : le grand malentendu entre constructeurs et consommateurs

Les chiffres sont sans appel : malgré une offensive industrielle sans précédent sur le marché de la voiture électrique, les Français restent majoritairement sur le frein. En 2024, les modèles électriques ont vu leur offre bondir de 85 % par rapport à l’année précédente — contre une croissance famélique de 2 % pour les voitures thermiques, selon La Centrale. Pourtant, l’adhésion reste timide : seuls 13 % des sondés (étude Ifop pour La Centrale) choisiraient une voiture électrique à prix équivalent, et 24 % l’envisagent à moyen terme.

Ce constat illustre un profond fossé entre la stratégie d’offre et la demande réelle. « Le prix n’est manifestement pas le seul frein », analyse Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion de l’Ifop, dans Le Figaro. Les industriels auront beau réduire les marges, perfectionner les aides publiques et élargir la gamme, l’adhésion psychologique n’est pas au rendez-vous.

⚡ Une technologie qui inquiète plus qu’elle ne rassure

Au-delà du coût, c’est bien une défiance structurelle qui s’installe. D’après une enquête Kantar pour La Centrale (avril 2024), 58 % des acheteurs potentiels redoutent le coût exorbitant du remplacement de la batterie. Même proportion pour la crainte liée au surcoût global d’un véhicule électrique comparé à un modèle thermique. Par ailleurs, 55 % doutent de la durée de vie réelle des batteries, soulignant une inquiétude technique persistante.

Mais c’est le marché de l’occasion qui cristallise le plus les blocages. Acheter une voiture électrique d’occasion ? 60 % des Français trouvent cela anxiogène, chronophage ou flou. Cette perception n’est pas qu’économique ; elle relève aussi d’un frein culturel profond, comme l’explique Anaïs Harmant, directrice marketing de La Centrale :

Il y a quelques années, les gens trouvaient plus sûr de consulter leur compte bancaire sur leur ordinateur plutôt que sur leur mobile. Aujourd’hui, cela paraît absurde. La transition vers l’électrique suivra probablement le même tempo.

🔌 Une fracture géographique, sociale… et générationnelle

Si les jeunes générations semblent plus perméables à l’appel de l’électrique, le tableau général reste contrasté. 47 % des 18-24 ans se disent prêts à franchir le cap, et 53 % des 25-34 ans. Du côté des Franciliens et des CSP+, l’adhésion frôle les 50 %, révélant une concentration urbaine et sociale de cette nouvelle mobilité.

En revanche, les familles rurales ou périurbaines demeurent sceptiques. Le véhicule électrique, perçu dans ces contextes comme un gadget urbain ou un luxe inaccessible, n’offre pas encore une réponse crédible aux réalités du quotidien : longues distances, absence d’infrastructures de recharge, prix d’achat dissuasif.

Dans cette fracture, l’hybride s’impose comme un compromis réaliste. Il représente aujourd’hui 12 % du marché de l’occasion, contre 4 % pour l’électrique, selon La Centrale. Un choix pragmatique, une étape intermédiaire. « Pour le numérique, la transition a pris plus de dix ans. Pour l’électrique, ce sera pareil », anticipe Anaïs Harmant.

👁 L’œil de l’expert : entre mythe urbain et réalité rurale

La stratégie des constructeurs bute sur une réalité sociologique. Le basculement vers l’électrique ne pourra réussir sans prise en compte des usages quotidiens, développement massif des bornes de recharge, et réduction tangible du coût total de possession. Le marché ne se construit pas à coups d’offres, mais à partir d’un besoin enraciné dans la diversité des modes de vie. Le temps du tout-électrique viendra, mais il faudra encore de la pédagogie, de la patience et surtout, de la confiance.

À propos de l'auteur

Spécialiste SEO et Data Analyst, Antoine Spaeter apporte à CréditNews son expertise en analyse de données et en acquisition de trafic. Avec plus de 15 années d'expérience en entrepreneuriat et en gestion de projets techniques, il s'est spécialisé dans l'interprétation des chiffres. Rigoureux et curieux, Antoine contribue également à la stratégie éditoriale de CréditNews, garantissant une approche précise et pédagogique des contenus proposés.