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Photo d'une pile de pièces en Euro, pour de l'épargne future d'un ménage
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Épargne 2025 : des Français qui naviguent à vue selon le baromètre IFOP 2025

Alors que les incertitudes économiques et géopolitiques s’intensifient, les Français affinent leurs stratégies d’épargne. Le dernier baromètre Ifop pour Altaprofits, publié le 5 juin 2025, dresse un panorama détaillé de ces comportements, oscillant entre recherche de sécurité, méfiance envers le système de retraite et position ambivalente sur le financement de la Défense nationale. Une photographie saisissante d’un pays qui épargne autant par nécessité que par méfiance.

📉 Retraite : la défiance alimente une épargne contrainte

La perte de confiance dans le système de retraite par répartition n’est plus marginale : elle devient la norme. 72 % des actifs estiment qu’ils vivront moins bien une fois retraités, une hausse notable en seulement quelques mois. Un chiffre qui, selon l’Ifop, illustre « une anxiété généralisée sur l’avenir économique personnel ».

Face à ce constat, 85 % des actifs considèrent indispensable de se constituer une épargne complémentaire pour la retraite. Le Plan Épargne Retraite (PER), bien qu'encore jeune, gagne en popularité : 19 % en détiennent déjà, tandis que 34 % l’envisagent sérieusement. Mais le PER divise : près de la moitié des sondés (47 %) le rejette, invoquant le gel des fonds jusqu’à la retraite, un manque de liquidité, ou des incertitudes sur la fiscalité.

Cette tension entre besoin de sécurité et peur du blocage illustre un paradoxe : les Français veulent prévoir, mais sans renoncer à la souplesse. Une schizophrénie budgétaire qui reflète l’instabilité du climat économique.

🛡️ Épargner pour la Défense : une idée qui divise profondément

C’est une nouveauté de ce baromètre 2025 : les Français ont été interrogés sur leur volonté d’investir dans des produits d’épargne fléchés vers le financement de la Défense nationale. Résultat : seuls 29 % s’y disent favorables.

Les soutiens à cette idée sont clairement identifiés : les hommes (36 %), les jeunes de 18-24 ans (37 %), les cadres (46 %) et les diplômés du supérieur (46 %). Pour eux, il s’agit d’un acte citoyen, voire stratégique. Mais une large majorité (71 %) refuse cette orientation.

Les réticences sont variées : 24 % considèrent que l’État et les impôts doivent seuls financer l’armée, 18 % craignent des placements trop volatils et 14 % les jugent incompatibles avec leurs valeurs personnelles. L’initiative se heurte donc à des blocages éthiques et politiques profonds.

Comme le souligne Frédéric Dabi, directeur général de l’Ifop :

Il existe un fossé générationnel et culturel autour de la question de la souveraineté financière appliquée à la Défense.

📊 France fracturée par ses arbitrages

L’étude révèle également de fortes disparités régionales dans les comportements d’épargne. En Île-de-France, 64 % des habitants optent pour des placements prudents comme le Livret A. La prévoyance y est forte : 89 % jugent nécessaire d’épargner pour la retraite et 58 % envisagent un PER. En matière de Défense, les Franciliens sont les plus ouverts : 37 % accepteraient d’y flécher une partie de leur épargne.

À l’inverse, en Centre-Val de Loire, la méfiance est encore plus marquée. 94 % des habitants estiment vital d’épargner pour leur retraite, mais ils sont moins nombreux à s’orienter vers des produits offensifs : seulement 26 % se déclarent favorables à un placement dédié à la Défense.

Quant aux produits d’épargne préférés au niveau national, le Livret A domine toujours (75 %) malgré une baisse de 6 points. L’assurance-vie suit de loin, attirant 24 % des épargnants. Pourtant, 13 % des Français ne parviennent plus à épargner, un chiffre en nette augmentation, traduisant une pression financière croissante sur les ménages les plus modestes.

👁️ L’œil de l’expert : l’épargne, symptôme d’un pays en alerte

Ce baromètre 2025 montre une France inquiète, lucide et plus que jamais stratégique dans ses choix financiers. Les Français n’épargnent pas par excès, mais par crainte d’un avenir économique incertain. Ils arbitrent, renoncent, sélectionnent avec prudence, au point que l’épargne devient autant un outil de protection qu’un acte politique.

La montée des réticences face à la retraite, la timidité autour du PER et la crispation sur le financement de la Défense illustrent une société économiquement fragilisée mais profondément engagée dans sa souveraineté financière individuelle.

Ce que révèle ce baromètre ? L’épargne n’est plus seulement une question de taux ou de placement. Elle devient une boussole sociale. 🔍

À propos de l'auteur

Rédactrice web au sein du Groupe Win'Up, Morgane rédige des contenus d'actualité sur l'épargne, les finances personnelles, les impôts et assure également la mise à jour du site pour optimiser votre navigation.