BCE : productivité, inflation, les raisons d'attendre
Sans surprise (une fois encore) la Banque Centrale Européenne a opté pour le statu quo, en décidant de maintenir ses taux d'intérêt dans leur fourchette actuelle, ce jeudi 7 mars 2024, à leur plus haut historique.
Rappelons que l'institution francfortoise s’était lancée dans cette stratégie de resserrement monétaire en juillet 2022 pour « dompter » l'inflation. Et même s’il paraît acquis qu’une séquence de plusieurs baisses sera engagée en 2024, la prudence reste encore de mise, à l’aube du printemps.
⏳ Ni trop tôt, ni trop tard
L’idée d’une baisse des taux directeurs a fait son chemin au cours des derniers mois, à Francfort. François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France, le confirmait vendredi dernier dans un entretien au quotidien belge l’Echo :
le principe d’une baisse des taux cette année paraît acquis.
Pour autant, il s’agit de trouver le bon curseur entre la lutte contre l’inflation et le risque de récession : le fameux ni trop tôt, ni trop tard.
- Ni baisser trop tôt au risque de faire repartir prématurément la demande et les investissements, et donc d’aller contre la lutte anti-inflationniste.
- Ni baisser trop tard, pour ne pas « peser exagérément sur l'activité », c’est-à-dire à l’inverse de freiner trop durablement les leviers d’une reprise.
François Villeroy de Galhau précise : « nous devons tracer le juste chemin entre [ces] deux risques ».
⚙️ La productivité en ligne de mire
A l’occasion d’un discours prononcé vendredi dernier à Florence. L'économiste allemande Isabel Schnabel rappelle un des problèmes majeurs de la zone euro : le manque de productivité régional.
Une carence qui pourrait maintenir une pression forte sur l’inflation.
Pour aller à l’essentiel, la lenteur de la diffusion technologique (par manque de moyen mais aussi de personnel qualifié), associée à la baisse de l’investissement public dans l’économie régionale pèsent aujourd’hui de tout leur poids sur la productivité européenne.
Le nationalisme économique croissant, les menaces qui pèsent sur notre sécurité territoriale et l'écart technologique croissant entre notre économie et d'autres économies avancées rendent encore plus urgents les arguments en faveur d'un renforcement de la compétitivité de la zone euro, a conclu l'Allemande.
Ce manque de compétitivité pèse sur le coût de la production.
Le faible niveau de chômage en zone Euro entraîne donc une pression sur le niveau des salaires. Si les salaires augmentent trop, la répercussion se fera alors sur les prix ; et de facto sur l’inflation !
✋ L’urgence est donc d’attendre
Tout comme de l’autre côté de l’Atlantique, la Banque Centrale Européenne a donc pris le parti de prendre son temps, en faisant le choix de maintenir une politique monétaire restrictive. Car même si le combat contre l’inflation semble bien engagé, des craintes subsistent : l'inflation dans les services notamment, et les évolutions des salaires (nous en parlions plus haut).
Mi-février, la Commission Européenne avait réactualisé ses prévisions d'inflation dans la zone euro pour 2024.
Elle prévoit dorénavant une hausse de 2,7% sur l'ensemble de l'année, contre 3,2% attendu précédemment.
Et prévoit 2,2% pour 2025.
À propos de l'auteur
Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français