Crise financière Olympique Lyonnais : Ares le fond d'investissement peut-il sauver le club OL ?
L’OL, club mythique de Ligue 1 et ancien fleuron du football français, vacille dangereusement. La récente décision de la DNCG de reléguer l’Olympique lyonnais en Ligue 2 a fait l’effet d’un séisme. Derrière ce choc administratif, c’est un naufrage économique de grande ampleur qui se dessine. Entre choix stratégiques discutables, multipropriété opaque et gestion sous tension, le modèle lyonnais est aujourd’hui en ruine.
Au cœur de cette débâcle : John Textor. L’homme d’affaires américain, propulsé à la tête du club en 2022 avec l’assentiment de Jean-Michel Aulas, se retrouve aujourd’hui dans le viseur. Et si l’OL a fait appel de la décision de la DNCG, les voyants financiers sont au rouge vif. Décryptage d’un effondrement aux multiples facettes
🔍 Crise économique à Lyon : la multipropriété est-elle toxique?
Avec un empire tentaculaire réparti entre Molenbeek (Belgique), Botafogo (Brésil), des parts dans Crystal Palace (Angleterre) et égal ementl’OL, John Textor a appliqué au club lyonnais un modèle de multipropriété hérité du business mondialisé. Un système qui, loin d’apporter synergie ou solidité, s’est retourné contre lui.
Le Groupama Stadium, joyau de Jean-Michel Aulas, l’OL féminin – longtemps référence européenne – et même le centre de formation ont servi de levier pour colmater les brèches d’un édifice fragile. Le tout sous pression du fonds d’investissement Ares, créancier de l’opération de rachat. La logique comptable a pris le pas sur l’ambition sportive.
Le timing est d’autant plus désastreux que les revenus structurels du club sont en chute : absence de Ligue des champions depuis cinq ans, chute des droits TV, exode des meilleurs talents vers des clubs plus stables (Bruno Guimarães, Lucas Paquetá, Barcola, Lukeba, Cherki...). L’OL, naguère locomotive du football hexagonal, est devenu simple fournisseur de talents pour l’élite européenne.
Nous disposons de ressources plus que suffisantes pour cette saison
martèle le club dans un communiqué. Pourtant, la DNCG ne semble plus disposée à accorder des sursis. Jean-Marc Mickeler, président de la DNCG, avait déjà sonné l’alarme :
Tout club qui n’a pas été qualifié en Europe ces dernières années et qui ne dispose pas d’un actionnaire solide est en danger.
Sans le citer, l’OL cochait toutes les cases de ce sombre diagnostic.
📉 Le déclin d’un modèle
Avant même la crise financière, l’Olympique lyonnais avait déjà entamé sa lente glissade sportive. Depuis la victoire en Coupe de France en 2012, les trophées ont déserté les vitrines du club. Quelques étincelles, comme l’épopée en Ligue des champions 2020 (victorieuse contre la Juventus et Manchester City), n’ont pas suffi à masquer l’essentiel : une perte de compétitivité persistante. À la différence de Lille, Monaco ou Montpellier, Lyon n’a jamais su profiter des failles du PSG pour retrouver le sommet.
Textor, dans une fuite en avant désespérée, a multiplié les investissements hasardeux. Exemple criant : l’achat de Niakhaté et Mangala pour 55 millions d’euros. Une opération jugée incompréhensible au vu de la situation financière du club. Si l’objectif était clairement une qualification européenne rapide pour renflouer les caisses, les résultats n’ont pas suivi. Et les sanctions, elles, se sont accumulées : interdiction de recrutement, encadrement de la masse salariale, avertissements de l’Urssaf, de la FFF, de l’UEFA et même de la FIFA. L’OL s’est attiré la défiance de toutes les institutions, nationales comme internationales.
La revente en cours des parts de Crystal Palace, estimées à 200 millions d’euros, est brandie comme la bouée de sauvetage du projet Textor. Mais pour l’heure, la DNCG reste inflexible. Et avec un effectif jeune et convoité, les ventes estivales de Fofana, Mikautadze ou autres pépites pourraient devenir un mal nécessaire.
👁 L’œil de l’expert : tout n'est pas perdu mais…
Ce qui arrive à l’OL est plus qu’un accident de parcours : c’est la conséquence d’une déconnexion entre ambition sportive et rigueur économique. La multipropriété n’est pas un mal en soi, mais elle exige transparence, solidité et cohérence. À Lyon, elle a été utilisée comme un levier à court terme, sans vision long terme. L’absence de résultats européens a privé le club de revenus essentiels, et les choix financiers se sont retournés contre lui. L’image même du club est en péril.
Rien n’est encore totalement perdu : si l’appel est accepté, et si les fonds de Crystal Palace sont effectivement mobilisés à temps, l’OL pourrait éviter la descente. Mais même en restant en Ligue 1, la reconstruction sera longue et douloureuse. Car comme le rappelait avec lucidité Jean-Marc Mickeler, « sans actionnaire solide, aucun club n’est à l’abri ».
À propos de l'auteur
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