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Photo de la présidente de la Banque Centrale Européenne, à Francfort, en juin 2025
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Inflation, Euro, BCE : l’été 2025 sera monétaire ou bien l'été ne sera pas

Alors que l’inflation repasse à 2 %, la Banque centrale européenne (BCE) temporise ses ardeurs. Un jeu d’équilibriste complexe, sur fond de tensions commerciales et de reprise molle.

📊 Pour la première fois depuis janvier, l'inflation repart légèrement à la hausse dans la zone euro, atteignant les 2 % symboliques en juin, selon l’estimation rapide d’Eurostat. Ce frémissement, bien que conforme aux anticipations, complique la stratégie monétaire de la BCE. Face à une croissance fragile et un marché de l’emploi résilient, l’institution de Francfort reste prudente.

📈 Une désinflation sous contrôle… mais pas sans risque

Le retour à une inflation annuelle de 2 % (+0,1 pt par rapport à mai) aurait pu sonner comme un soulagement. Pourtant, sous la surface, les pressions restent actives. L’inflation sous-jacente — hors énergie et alimentation — s’établit toujours à 2,3 %, tirée par les services (+3,3 % sur un an, +0,7 % sur un mois). Un signal que les hausses de salaires et la demande estivale alimentent encore les prix.

Il nous faudra du temps pour être certains que les risques d’une inflation excessive ont disparu

a déclaré Christine Lagarde, présidente de la BCE, lors du Forum de Sintra. Elle insiste :

Nous ne nous reposerons pas tant que le match ne sera pas gagné.

L'énergie (-2,7 % sur un an) continue de jouer un rôle modérateur, mais moins qu’auparavant, tandis que les biens industriels n’affichent qu’une faible hausse (+0,5 %). Sur le plan géographique, l’Estonie (5,2 %), la Slovaquie (4,6 %) et la Croatie (4,4 %) restent sous forte pression, quand la France (0,8 %) et Chypre (0,5 %) enregistrent les taux les plus bas.

💶 Un Euro robuste, des marchés hésitants

Alors que la BCE vient d’entamer son septième ajustement de taux en un an — dans un climat alourdi par les tensions commerciales avec Washington — l’Euro montre une vigueur inattendue. À 1,18 dollar, la monnaie unique tutoie des sommets inédits depuis 2021, avec dix séances consécutives de hausse 📈, une série inédite depuis 2003. Depuis janvier, l’Euro s’est apprécié de près de 14 %, dopé par les anticipations de stabilisation monétaire.

Mais cet Euro fort, s’il apaise les importations et limite les effets de l’inflation importée, pénalise aussi la compétitivité des exportateurs européens.

Côté marchés actions, le climat est plus nuancé. Le Stoxx 50 recule de 0,15 %, impacté par les replis de Saint-Gobain (-1,7 %), Deutsche Bank (-1,6 %) et Mercedes-Benz (-1,4 %), tandis qu’Adidas (+2,7 %) et LVMH (+2,4 %) profitent de la solidité de la consommation premium.

👁 L’œil de l’expert : stabiliser sans étouffer

La BCE s’engage sur une ligne de crête. Entre vigilance anti-inflation et nécessité de relancer l’économie sans casser le crédit, l’institution joue la montre. Car si les taux sont restés historiquement hauts pendant plus d’un an, c’est pour éviter que la spirale prix-salaires ne s’ancre durablement.

Mais une vérité s’impose : certains secteurs — notamment les services et les salaires dans les économies de l’Est — montrent encore des tensions. De plus, les taux élevés ont déjà refroidi l’investissement productif dans plusieurs pays du Sud. Dans ce contexte, le choix de continuer à abaisser les taux trop vite pourrait nourrir un effet rebond sur les prix, tandis qu’une stratégie trop rigide gèlerait le crédit aux entreprises.

Le paradoxe est là : une partie de l’économie pourrait gagner en visibilité et en financement, tandis que des ménages modestes ou des TPE pourraient rester à l’écart d’un redémarrage trop sélectif.

À propos de l'auteur

Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français