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Banque portugaise : BPCE met 6 milliards d’euros pour prendre pied au Portugal

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La France bancaire s’exporte. En annonçant son entrée en négociations exclusives pour le rachat de Novo Banco, la Banque Populaire Caisse d’Épargne (BPCE) confirme une ambition européenne de long terme, doublée d’une stratégie de croissance externe parfaitement assumée. Montant du chèque : près de 6 milliards d’euros, pour s’offrir la quatrième banque portugaise, aujourd’hui détenue majoritairement par le fonds américain Lone Star. Ce projet, qui constitue l’une des plus importantes acquisitions transfrontalières en zone euro depuis une décennie, traduit un changement d’échelle dans la politique d’investissement de BPCE, en quête d’un ancrage stratégique durable sur le marché bancaire du sud de l’Europe.

Une acquisition à haut rendement dans un marché en recomposition

Le rachat de Novo Banco n’est pas qu’une opération symbolique. En visant une banque rentable, solidement installée, et dotée d’un réseau de 1,7 million de clients, 290 agences et 4 200 salariés, BPCE met la main sur un actif à la fois stable et porteur. Novo Banco a généré près de 750 millions d’euros de bénéfice net en 2024, affichant une rentabilité enviable au sein d’un marché ibérique en pleine transformation.

Le président du directoire de BPCE, Nicolas Namias, ne cache pas ses ambitions : 

Les fondamentaux de Novo Banco sont excellents. Elle dispose d’un fort potentiel de croissance et d’un niveau de rentabilité déjà élevé. 

Une déclaration qui souligne l’intérêt financier évident de l’opération. D’autant que le Portugal reste un marché bancaire moins saturé que d’autres pays d’Europe de l’Ouest, avec une clientèle encore attachée à des réseaux physiques de proximité.

BPCE n’est d’ailleurs pas totalement novice dans la région : l’établissement y emploie déjà plus de 3 000 personnes, et y a généré 74 millions d’euros de produit net bancaire en 2024. L’intégration de Novo Banco ne se fera donc pas en terrain inconnu, mais viendra au contraire renforcer un ancrage préexistant, avec des synergies à activer à court et moyen termes.

Une stratégie d’expansion européenne assumée et méthodique

Si cette acquisition marque les esprits par son ampleur, elle s’inscrit en réalité dans une stratégie de croissance bien structurée, amorcée de longue date. Depuis la présentation de son plan stratégique à l’été 2024, BPCE multiplie les opérations ciblées, en dehors de son cœur de marché français.

Au printemps 2025, le groupe a finalisé la reprise des activités de financement d’équipements professionnels de la Société Générale, via l’entité SGEF, valorisée à plus d’un milliard d’euros. Quelques mois plus tôt, il s’était associé à Generali, au travers d’une coentreprise réunissant leurs activités de gestion d’actifs, faisant émerger un géant paneuropéen de la gestion.

L’opération Novo Banco va plus loin. Elle positionne BPCE comme un acteur influent dans un pays en sortie de crise, où le système bancaire, fragilisé depuis l’effondrement de la Banco Espirito Santo (BES) en 2014, cherche de nouveaux équilibres. Novo Banco, justement, est l’héritière assainie de cette ex-banque défaillante. Le gouvernement portugais avait injecté 4,9 milliards d’euros pour contenir l’effondrement de la BES, avant de céder la nouvelle entité au fonds Lone Star.

BPCE choisit donc un moment stratégique pour intervenir : au terme d’un redressement déjà opéré, avec une structure de gouvernance stabilisée et un climat réglementaire plus favorable. L’opération pourrait être finalisée d’ici le premier semestre 2026, si toutes les conditions sont réunies.

L’œil de l’expert : une banque française à l’offensive

Cette offensive portugaise est un signal fort : les groupes bancaires français ne se contentent plus d’un leadership hexagonal. Avec cette acquisition, BPCE franchit une étape dans sa stratégie européenne, à rebours de certaines banques qui recentrent leurs activités nationales.

Cette prise de position, sur un actif désormais mature mais encore sous-développé sur certains segments (digital, gestion patrimoniale, financement PME), pourrait générer des rendements importants à moyen terme. Reste à assurer l’intégration humaine et technologique, sur fond de complexités culturelles et réglementaires locales.

En visant un équilibre entre diversification géographique et performance économique, BPCE adopte une posture d’investisseur avisé, là où beaucoup auraient vu une cible trop risquée. Si l’opération réussit, elle fera date dans le paysage bancaire européen. Et ouvrira peut-être la voie à une nouvelle phase de consolidation continentale.

Written by
Fabien Monvoisin

Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français

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