100 jours sous tension : Donald Trump face à une désaffection historique
Les premiers mois d’un mandat présidentiel américain sont souvent scrutés comme un révélateur du climat politique national. Pour Donald Trump, cette période charnière de son second mandat s’illustre par une chute vertigineuse dans les sondages. Un rejet qui dépasse largement les cercles opposés à sa politique, touchant désormais des segments de son électorat traditionnel. En cause : des décisions controversées, une communication toujours aussi clivante, et des inquiétudes grandissantes sur l’avenir économique du pays.
🌩 Économie, institutions, environnement : une défiance généralisée
Jamais un président américain n’avait atteint un tel niveau d’impopularité à ce stade de son mandat depuis 80 ans. Selon un sondage Washington Post-ABC News-Ipsos, 55 % des Américains désapprouvent la manière dont Donald Trump exerce ses fonctions, contre 39 % qui y sont favorables. Même son précédent record – 42 % d’opinions favorables aux 100 jours de son premier mandat – est désormais dépassé à la baisse.
L’économie, pourtant longtemps perçue comme son point fort, devient un terrain miné. ABC News observe :
L’aspect le plus menaçant pour Trump, étant donné sa promesse d’un redressement économique, est l’ampleur des opinions négatives sur l’économie
Pas moins de 72 % des Américains redoutent une récession provoquée par ses choix économiques, une crainte partagée par plus de la moitié des électeurs républicains (51 %).
Les critiques s’étendent à d’autres politiques phares. Sur l’environnement, 61 % désapprouvent l’assouplissement des normes sur le forage pétrolier et gazier. La réduction des financements à la recherche médicale est rejetée par 77 % des sondés, et 66 % désapprouvent la fermeture du ministère de l’Éducation. L’ingérence fédérale dans les universités privées, notamment les attaques contre Harvard, provoque aussi une opposition massive (70 %).
🗳 Immigration, société, et fracture au sein du socle électoral
Sur les enjeux sociétaux, la division est palpable. Si la politique d’immigration reste l’axe le plus soutenu du second mandat Trump, elle ne convainc qu’une minorité. 46 % des Américains y sont favorables, contre 53 % opposés. Concernant les déportations de migrants illégaux soupçonnés d'appartenir à des gangs, 51 % des personnes interrogées les désapprouvent, tandis que 34 % y sont favorables, signe d’un clivage profond.
Les choix du président en matière de diversité et de droits civiques sont également mal perçus : 51 % estiment que l'administration va trop loin dans la remise en question des politiques de diversité, contre 35 % qui les soutiennent, et 13 % qui souhaiteraient un engagement plus poussé.
Même la base électorale de Donald Trump montre des signes d'érosion. Les électeurs blancs non diplômés, traditionnellement acquis à sa cause, ne sont plus que 54 % à soutenir sa politique, soit une baisse de 10 points. Le Washington Post rapporte qu’« un tiers d’entre eux estime que leur situation financière a empiré depuis son retour au pouvoir ». Pour ABC News, cet indicateur est révélateur d’un désenchantement grandissant au sein même des soutiens historiques.
Toutefois, Trump conserve un ancrage solide chez les républicains, avec un taux de soutien interne de 83 %. Seuls 6 % de ceux qui ont voté pour lui en novembre dernier déclarent regretter leur choix. Un point que souligne ABC News :
Le côté positif pour Trump, c’est que le parti d’opposition reste en disgrâce
avec seulement 30 % de confiance accordée aux Démocrates, contre 37 % pour son administration. De plus, 69 % des sondés jugent les Démocrates déconnectés du quotidien des Américains, contre 60 % pour le président.
👁 L'œil de l'expert : une présidence affaiblie, mais encore enracinée
À ce stade critique de son second mandat, Donald Trump fait face à une défiance massive et transversale. S’il conserve encore l’adhésion d’un socle partisan solide, la dynamique est préoccupante : jamais un président moderne n’avait suscité un tel rejet aussi tôt. Cette impopularité pourrait entraver sa capacité à gouverner efficacement, voire fragiliser les Républicains aux élections intermédiaires. Néanmoins, dans un paysage politique polarisé où l’opposition peine à convaincre, Trump garde encore une marge d’influence non négligeable. Reste à savoir si elle suffira à inverser la tendance dans les mois à venir.
À propos de l'auteur
Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français