Sexisme au travail : un fléau enraciné que les entreprises peinent à éradiquer
Malgré les efforts affichés pour promouvoir l’égalité professionnelle, les comportements sexistes persistent massivement dans les entreprises françaises. Le baromètre 2025 de l’Association française des managers de la diversité (AFMD), enrichi par une enquête Ipsos, dresse un constat alarmant : les inégalités et violences sexistes au travail ne faiblissent que marginalement, révélant un système où la banalisation l’emporte encore trop souvent sur la sanction.
📊 Des perceptions divergentes et des stratégies d’évitement préoccupantes
Les résultats issus de plus de 130 000 réponses recueillies révèlent un fossé criant entre les expériences vécues par les femmes et la perception qu’en ont leurs collègues masculins. Si 67 % des femmes salariées affirment avoir personnellement été victimes d’actes ou propos sexistes ou discriminatoires, ce chiffre atteint 86 % chez les moins de 35 ans. Ce sexisme ordinaire s’exprime notamment par des remarques infantilisantes, comme les qualificatifs « ma grande » ou « miss », jugés « bienveillants » ou « flatteurs » par un homme sur deux, selon le baromètre.
Les réunions professionnelles, censées être des lieux de décision et d’échange, sont aussi un théâtre courant de comportements sexistes. Deux femmes sur trois disent y avoir été victimes de remarques déplacées ou d’attitudes discriminantes, souvent passées inaperçues : 64 % des hommes déclarent ne rien avoir remarqué. Une invisibilisation préoccupante, qui illustre à quel point le sexisme demeure enraciné dans les pratiques de travail quotidiennes.
Face à cette réalité, 57 % des femmes interrogées mettent en place des stratégies d’évitement : choix vestimentaires modifiés (31 %), refus d’être seule avec certains collègues (25 %), ou autocensure en réunion (18 %). Des comportements d’auto-protection révélateurs d’un environnement perçu comme potentiellement hostile.
En parallèle, 40 % des hommes estiment être eux-mêmes victimes de discrimination liée aux politiques d’égalité, et près d’un sur deux juge que le partage des tâches domestiques n’influence pas l’égalité au travail. Ce décalage met en lumière une incompréhension profonde des mécanismes structurels à l’origine des inégalités professionnelles.
Enfin, bien que 43 % des femmes identifient la sanction systématique comme levier prioritaire, seules 46 % jugent les actions des entreprises suffisantes. Un engagement encore trop timide, qui ralentit la lutte contre le sexisme ordinaire au travail.
👁 L’œil de l’expert : une tolérance institutionnelle encore trop présente
Le baromètre 2025 confirme ce que les observateurs du monde professionnel constatent depuis des années : le sexisme au travail ne se réduit pas par de simples chartes d’intention. Il nécessite des mécanismes de signalement clairs, des sanctions appliquées, et surtout une acculturation massive à l’égalité réelle. Tant que le sexisme sera perçu comme « invisible » ou « anodin » par une majorité d’hommes, les stratégies d’évitement persisteront, au détriment du climat de travail et de la performance collective.
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