Des droits de douane aux répercussions domestiques. La politique commerciale protectionniste de Donald Trump prend un nouveau tournant : cette fois, ce sont les appareils électroménagers du quotidien — réfrigérateurs, sèche-linge, lave-vaisselle — qui en font les frais. Un document du ministère américain du Commerce, révélé par la presse américaine avant sa publication officielle prévue le 16 juin, annonce l’application d’une taxe de 50 % sur la part d’acier contenue dans ces produits importés. Une décision hautement symbolique à l’heure où le président-candidat accentue sa ligne dure à l’approche de l’élection. Derrière ce geste politique, ce sont les ménages américains qui paieront la facture.
Une stratégie industrielle… au prix fort pour les consommateurs
À partir du 23 juin, les importations d’appareils ménagers contenant de l’acier ou de l’aluminium — qu’il s’agisse de fours, machines à laver ou frigos — seront taxées à hauteur de 50 %, comme l’aluminium et l’acier bruts. Un doublement des droits de douane par rapport au taux précédent, décidé une semaine plus tôt par Donald Trump. Ce durcissement s’inscrit dans une logique de protection des industries domestiques, censée favoriser la production sur le sol américain.
Selon The New York Times, il s’agit d’une première depuis le retour de Trump sur le devant de la scène :
C’est l’une des premières fois que des produits de consommation aussi banals sont ciblés de manière directe.
Une approche qui marque un glissement : des matériaux de base aux objets du quotidien, la frontière entre politique industrielle et répercussions sur la vie des ménages devient floue.
Et les précédents laissent présager des conséquences bien concrètes : lors de son premier mandat, Trump avait imposé des taxes similaires de 20 à 50 % sur les machines à laver importées. Résultat ? 1.800 emplois créés, selon la Réserve fédérale… mais au prix d’une hausse de 90 dollars en moyenne sur les appareils pour les consommateurs américains. Une logique de coût-bénéfice déséquilibrée, où les gains industriels peinent à compenser l’impact inflationniste.
Une inflation contenue… pour combien de temps ?
Pour l’instant, l’inflation aux États-Unis reste modérée : +0,1 % le mois dernier, soit un taux annuel de 2,4 %. Mais plusieurs économistes alertent : la multiplication des produits visés par les droits de douane pourrait peser lourdement sur les prix, surtout dans le secteur des biens durables. Alors que les ménages américains renouent avec la consommation post-COVID, cette taxation pourrait agir comme un frein à la reprise, en renchérissant le coût des équipements de base du foyer.
Autre effet collatéral : les marchés financiers ont immédiatement réagi à ces menaces commerciales. Le dollar a chuté à son plus bas niveau depuis trois ans, signe d’une perte de confiance des investisseurs dans la stabilité de la politique économique américaine.
Cette stratégie d’autarcie industrielle, bien qu’idéologiquement assumée, risque de se heurter aux réalités économiques d’un pays dépendant des chaînes d’approvisionnement mondialisées. Protéger l’acier national, oui, mais à quel prix pour le consommateur moyen ? Et à quel risque pour la croissance ?
️ L’œil de l’expert : une politique aux effets boomerang
La taxation de l’acier contenu dans les appareils électroménagers n’est pas seulement une mesure technique : c’est un choix de société, qui reflète une volonté de recentrage industriel, mais qui menace le pouvoir d’achat des ménages. Les précédents démontrent que les créations d’emplois sont réelles mais limitées, tandis que les hausses de prix sont massives et rapides. En ciblant désormais des produits aussi courants, Trump prend le risque d’alimenter une inflation structurelle, en contradiction avec les objectifs de la Fed et de la croissance intérieure.
Dans une économie où l’électroménager est devenu un marqueur de confort de vie, cette hausse de prix pourrait bien devenir un sujet électoral majeur. La protection des emplois ne doit pas se faire au détriment de la stabilité économique et de la consommation populaire. Un équilibre difficile à atteindre, que même une politique musclée ne peut garantir sans coordination macroéconomique.