Le marché du camping-car connaît un retournement spectaculaire en France. Alors que ces véhicules incarnaient le symbole ultime de liberté il y a encore quelques années, la tendance s’inverse. Sous l’effet de la pression économique et des changements de mode de vie, la revente massive s’accélère. Analyse financière et stratégique d’un phénomène inattendu.
💸 Un rêve devenu trop cher
Le contexte inflationniste de 2025 a fait du camping-car un luxe difficilement soutenable pour des milliers de foyers français. Autrefois perçu comme un investissement rentable – surtout en période Covid où il permettait de voyager sans contrainte – le véhicule de loisirs est désormais jugé trop coûteux à entretenir et à utiliser.
Entre le carburant en hausse constante, les assurances de plus en plus élevées, les frais d’entretien et le coût du remisage en hors-saison, les propriétaires voient la facture annuelle grimper dangereusement. Selon Marie France, près de 40 % des reventes actuelles s’expliquent par des raisons purement économiques. Les analystes du site l’expliquent facilement :
Ce qui était perçu il y a quelques années comme un investissement se transforme aujourd’hui en un gouffre financier
La dépréciation maîtrisée des véhicules, limitée entre 5 % et 10 % par an, encourage toutefois la cession. Les modèles récents, âgés de 3 à 5 ans, peuvent encore être revendus à 70 % de leur valeur initiale, à condition d’être bien entretenus. Cette fenêtre favorable incite de nombreux ménages à récupérer rapidement de la liquidité, dans un contexte de fragilité financière généralisée.
🚫 Un désamour plus général
La question économique n’est pas la seule cause de cette vague de reventes. Le changement des modes de vie s’ajoute aux contraintes réglementaires pour dissuader les ménages de conserver un camping-car.
Parmi les motifs évoqués :
La diminution de l’usage : les enfants grandis, les retraités recherchent plus de confort et de simplicité.
Les règles de stationnement de plus en plus strictes, avec des zones interdites et des amendes récurrentes pour stationnement irrégulier.
Le manque de place pour stocker un véhicule imposant, surtout en milieu urbain.
Le véhicule aménagé type van devient alors l’alternative : plus discret, maniable et facile à stationner, il s’adapte mieux aux exigences des nouveaux consommateurs. Le camping-car, lourd et encombrant, apparaît désormais comme incompatible avec un mode de vie plus fluide et urbain.
📊 Une offre saturée face à une demande prudente
La saturation du marché de l’occasion constitue une autre variable clé du phénomène. Le pic de ventes observé entre 2020 et 2022, à la faveur du boom post-Covid, a créé un effet de stock sur le segment des camping-cars récents. Résultat : les plateformes spécialisées regorgent d’offres, tandis que la demande – confrontée à la baisse du pouvoir d’achat – se contracte.
Ce déséquilibre entraîne :
Une pression sur les prix de revente.
Une allongement des délais de cession.
Une érosion de la valeur perçue des modèles anciens.
Les professionnels observent déjà une baisse progressive des transactions sur les camping-cars haut de gamme, au profit des véhicules compacts et des solutions de location ponctuelle, mieux alignées avec les nouvelles attentes consommateurs.
👁️ L’œil de l’expert : vers la fin d’un modèle économique ?
Pour Philippe Renard, consultant spécialisé dans les mobilités alternatives :
Le camping-car incarne aujourd’hui un modèle de consommation incompatible avec la pression économique et environnementale actuelle. Il est probable que nous assistions à un repositionnement complet du marché autour de solutions plus flexibles, comme la location ou les vans aménagés, au détriment de la propriété privée du camping-car traditionnel.
L’industrie du véhicule de loisirs doit impérativement repenser sa stratégie commerciale. Sans réponse adaptée aux nouvelles contraintes économiques et réglementaires des Français, le camping-car pourrait passer du statut de rêve de liberté à celui de fardeau logistique pour une grande partie des ménages français.