Après un net ralentissement de l’emploi depuis mi-2022, le marché du travail français montre enfin des signes de redressement. Selon les données publiées mercredi dernier par l’Urssaf, les déclarations d’embauche de plus d’un mois (hors intérim) ont progressé de 1,9 % au deuxième trimestre 2025. Mais au-delà du chiffre global, c’est la hausse historique des contrats à durée indéterminée (CDI) qui attire l’attention des économistes. Cette reprise, bien qu’encore fragile, semble marquer un tournant pour l’emploi durable, en particulier dans les services.
📊 CDI en plein essor, CDD en recul
Le moteur principal de cette reprise est sans conteste le bond des embauches en CDI, en accélération nette avec +4,5 % au deuxième trimestre, après déjà +2 % au trimestre précédent. L’Urssaf précise dans son communiqué que la part des CDI dans les embauches de plus d’un mois atteint désormais 52,4 %, un record historique.
À l’opposé, les contrats à durée déterminée (CDD) de plus d’un mois poursuivent leur déclin, avec une baisse de 0,8 %, après déjà -1,2 % précédemment. Ce mouvement traduit une tendance de fond dans les stratégies RH des entreprises : une volonté plus affirmée d’investir dans la stabilité des effectifs.
L’auteur du rapport de l’Urssaf note que cette dynamique « prolonge l’inflexion positive observée dès le premier trimestre« , où la hausse restait timide (+0,4 %). La confirmation de ce rebond au deuxième trimestre pourrait annoncer une reconstruction progressive d’un marché du travail plus pérenne, après plusieurs trimestres de fragilité.
🧭 Les services tirent l’emploi, l’industrie et le bâtiment décrochent
Toutes les tailles d’entreprises bénéficient de cette amélioration : celles de moins de 20 salariés voient leurs embauches progresser de 3,4 %, tandis que les structures plus grandes enregistrent +0,9 %.
Mais ce redressement est fortement polarisé par les secteurs. Le tertiaire, moteur économique du pays, enregistre une hausse de 2,7 %, confirmant sa résilience. Sur un an, le secteur affiche même une croissance de 1,5 % des embauches de plus d’un mois.
En revanche, les secteurs industriels et du bâtiment poursuivent leur déclin. Les embauches dans l’industrie ont chuté de 2,2 % ce trimestre, avec une baisse annuelle de 5,1 %. Dans le bâtiment, le repli atteint 1,9 % sur le trimestre et 5,7 % sur un an. Ces reculs traduisent une perte de dynamisme dans deux piliers historiques de l’économie française, pénalisés par le ralentissement de l’investissement et les incertitudes macroéconomiques.
👁️ L’œil de l’expert : à confirmer…
La dynamique actuelle est encourageante, mais encore trop sectorielle pour parler de véritable reprise
estime un économiste du marché du travail. Le rebond des CDI est un signal fort, mais la fragilité persistante de l’industrie et du bâtiment rappelle que l’économie reste à deux vitesses.
Pour les mois à venir, les observateurs attendent une confirmation de cette tendance, notamment à travers l’évolution de l’investissement privé, des carnets de commandes industriels et de la consommation intérieure. Si ces leviers répondent présents, 2025 pourrait marquer un tournant durable dans l’emploi en France — mais pour cela, le rebond devra s’étendre au-delà du seul secteur tertiaire.