Le 28 juillet 2025, la Chine a annoncé l’instauration d’une allocation annuelle de 3 600 yuans, soit environ 430 à 500 € pour chaque enfant de moins de trois ans, une mesure applicable dès janvier 2025 et rétroactive pour les naissances depuis 2022. Cette décision intervient après plus de quarante ans de politique de l’enfant unique (1980–2015), suivis d’un assouplissement progressif autorisant deux enfants en 2016, puis trois en 2021. Mais malgré ces assouplissements, la natalité n’a cessé de chuter, menaçant l’équilibre démographique et économique du pays.
👶 Une bombe à retardement pour la Chine
La Chine connaît une chute continue de sa natalité depuis plus de 7 ans, le nombre de naissances est passé de 17,9 millions en 2016 à 9,02 millions en 2023, soit une division par deux en moins d’une décennie. Le taux de fécondité est de 1,15 en 2024, très en dessous du seuil de renouvellement qui est de 2,1. La Chine a donc annoncé la mise en place d’une allocation annuelle de 3 600 yuans par enfant de moins de trois ans à partir de janvier 2025, soit un budget d’environ 90 milliards de yuans, représentant près de 11,7 milliards d’euros. Un revirement majeur, qui marque l’engagement direct du gouvernement central pour tenter d’enrayer un déclin démographique aux conséquences économiques majeures.
La Commission nationale de la santé déclare :
La sécurité démographique est une priorité nationale. Cette politique vise à réduire les obstacles financiers qui freinent les jeunes familles.
💰 Le coût de la vie et une pression sociale forte
Malgré cet effort financier, les experts sont nombreux à souligner que ces aides ne suffisent pas pour compenser le coût réel d’un enfant en Chine. Une étude citée par Business Standard, estime que le coût total de l’éducation d’un enfant de la naissance jusqu’à l’université s’élève à environ 680 000 yuans, soit plus de cinq fois le salaire annuel moyen en zone urbaine.
Li Ming, économiste à l’université Tsinghua explique :
Avoir un enfant est devenu un luxe pour la classe moyenne chinoise. Le problème n’est pas seulement financier, mais aussi culturel et social.
En effet, les conditions sociales et professionnelles découragent fortement la parentalité en Chine. La culture du surtravail, les inégalités de genre et la faible protection des mères au travail pèsent lourd. Les femmes redoutent l’impact d’une grossesse sur leur carrière, avec des discriminations fréquentes à l’embauche ou au retour de congé maternité.
À cela s’ajoute le manque de places en crèche publique, et des structures privées souvent hors de prix. Dans certaines villes, le coût mensuel d’une crèche dépasse le loyer moyen.
À long terme, le défi est aussi macroéconomique, si la population active continue de reculer, la Chine devra faire face à une pression accrue sur son système de retraites, un ralentissement de la consommation intérieure, et une baisse de la productivité.
👁 L’œil de l’expert : revoir le modèle familial
Avec ce virage social historique, la Chine tente de faire face à un problème démographique structurel. L’instauration d’une aide universelle dédiée aux jeunes enfants représente une nouveauté majeure dans le modèle chinois. Mais pour qu’elle porte ses fruits, elle devra s’inscrire dans une réforme globale du modèle familial, intégrant l’éducation, le logement, le travail féminin et la garde d’enfants.
La Chine doit profondément améliorer les conditions de vie des familles afin de soutenir la natalité.