Après plus de trente ans de service, AOL, pionnier de l’accès à Internet via modem bas débit, mettra fin à ses derniers modems le 30 septembre 2025. Cette décision marque la disparition d’une technologie emblématique des débuts du web, remplacée par le haut débit et la fibre optique. Désormais, les opérateurs sont centrés sur la rapidité et la performance, symbolisant ainsi la fin d’une époque et posant un problème pour les territoires reculés.
🌐 L’Internet bas débit
En France, AOL a débarqué en mars 1996 en partenariat avec le groupe Bertelsmann. L’entreprise a rapidement séduit avec son offre illimitée à 99 francs par mois, atteignant un million d’abonnés en 2003. Cependant, face à la concurrence d’acteurs locaux tels que Neuf Télécom, Wanadoo ou Free, AOL a peiné à s’adapter à l’ère du haut débit. En 2006, AOL France a cédé son activité de fournisseur d’accès à Neuf Cegetel, désormais SFR, et a fermé définitivement ses services en janvier 2010.
L’Internet bas débit, ou dial-up, était caractérisé par une connexion via ligne téléphonique, offrant des débits d’environ 56 kilobits par seconde. Cette technologie, bien que lente, a été un vecteur d’accès au web pour de nombreux foyers dans les années 90 et 2000. Cependant, avec l’avènement de l’ADSL, puis de la fibre optique, l’usage de ces modems a progressivement diminué. Aujourd’hui, ils représentent une fraction infime des connexions, principalement dans des zones rurales isolées.
📉 Une tendance qui fragilise les zones rurales
La disparition des modems AOL illustre le déclin progressif de l’Internet bas débit. En France, l’ARCEP constate une baisse annuelle de 15 % des revenus liés à cette technologie depuis plus de quinze ans, témoignant d’une transition massive vers des solutions plus performantes comme l’ADSL, la fibre optique et les réseaux mobiles 4G/5G. Parallèlement, le démantèlement du réseau cuivre, support historique du dial-up et de l’ADSL, a commencé en janvier 2025 et devrait se poursuivre jusqu’en 2030. Ce retrait, essentiel pour accélérer le très haut débit, marque la fin d’une époque et soulève de nombreux défis.
Toutefois, cette évolution risque d’accentuer la fracture numérique dans certaines zones rurales. Bien que dépassée, cette technologie restait une alternative stable, économique et souvent la seule accessible dans des territoires où la fibre, la 4G ou les solutions satellitaires comme Starlink sont rares, coûteuses ou techniquement complexes. Pour ces populations, le bas débit constituait un filet de sécurité indispensable pour des usages essentiels.
Marina Ferrari, secrétaire d’État chargée du Numérique ajoute :
La transition numérique ne peut être réussie que si elle s’adresse à tous les territoires, et surtout aux plus fragiles.
👁 L’œil de l’expert : transition numérique
La fin des modems AOL symbolise un tournant dans l’économie numérique : celui de l’abandon définitif des infrastructures anciennes au profit de technologies à plus forte valeur ajoutée comme la fibre ou la 5G. Ce changement reflète une stratégie d’optimisation des coûts et de modernisation des réseaux, mais il soulève aussi des enjeux d’inclusion. Sans solutions alternatives accessibles dans certaines zones rurales, une partie de la population risque d’être écartée des bénéfices économiques du numérique. Pour être durable et équitable, la transition technologique doit donc s’accompagner d’investissements publics et privés en faveur de la couverture universelle.