Dans un contexte économique marqué par l’inflation et la recherche de pouvoir d’achat, les promotions en ligne sont devenues un outil central pour attirer les consommateurs. Pourtant, selon l’UFC-Que Choisir, 85 % des prix barrés sont trompeurs, masquant une réalité bien différente de la promesse commerciale. Ces pratiques faussent la concurrence, altèrent la transparence du marché et interrogent sur l’efficacité de la régulation actuelle face à une stratégie devenue quasi systématique chez de nombreux e-commerçants.
⛔ 85% des promos en lignes sont fausses
Selon une enquête publiée le 9 juillet 2025 par l’UFC‑Que Choisir, la réponse est largement négative : 85 % des prix barrés sur les sites de e-commerce sont trompeurs, car ils ne respectent pas la réglementation européenne en vigueur.
L’association de consommateurs a analysé près de 1 000 annonces promotionnelles diffusées sur des plateformes populaires telles qu’Amazon, ASOS, Cdiscount, Shein, Temu et Zalando et seules 15 % des promotions respectent la directive européenne dite « Omnibus », entrée en vigueur en mai 2022. Cette réglementation impose que toute réduction de prix soit calculée à partir du prix le plus bas pratiqué au cours des 30 derniers jours.
Les sites de e-commerce utilisent massivement des pratiques promotionnelles trompeuses, dont l’affichage de prix barrés sans explication claire, des remises visuelles gonflées (31 % en moyenne contre 11 % pour les vraies promotions), ou encore l’augmentation artificielle des prix avant une opération.
📝 Quelles avancées face à ces pratiques ?
Depuis mai 2022, la France applique la directive européenne « Omnibus » (UE 2019), qui impose une règle stricte en matière de promotions : tout prix barré doit correspondre au prix le plus bas pratiqué au cours des 30 jours précédant la remise (Le Figaro, France Info). Cette disposition vise à limiter les fausses réductions et à garantir une information transparente pour le consommateur.
Face à la généralisation des « dark patterns », la loi française et le Digital Services Act (DSA) ont renforcé les règles depuis février 2024, les interfaces trompeuses sont interdites. La DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) et l’Arcom peuvent désormais enquêter, alerter et sanctionner les plateformes manipulant sciemment les utilisateurs.
Raphaël Gély, directeur général adjoint de la DGCCRF déclare :
Notre mission est de garantir un marché transparent où le consommateur est informé clairement, sans être trompé par des promotions fictives ou des interfaces manipulatrices.
Ce durcissement réglementaire a déjà donné lieu à des actions concrètes. En 2025, la plateforme Shein a écopé d’une amende record de 40 millions d’euros, infligée pour pratiques commerciales trompeuses liées à des prix fictivement barrés et à l’usage répété de dark patterns visant à inciter à l’achat.
Selon UFC-Que Choisir, entre 2023 et 2025, le taux de fausses promotions en ligne est passé de 96,6 % à 85 %, illustrant une légère amélioration mais confirmant la persistance massive de pratiques non conformes malgré la réglementation.
✅ Les bons réflexes à adopter
Pour se protéger des fausses promotions en ligne, il est essentiel de comparer les prix sur différents sites ou via des comparateurs spécialisés. Méfiez-vous des réductions excessives (–50 %, –70 %) souvent irréalistes. Vérifiez si le prix barré est clairement expliqué (ancien prix, prix conseillé, etc.). Utilisez des outils d’historique de prix ou des extensions de navigateur pour suivre l’évolution réelle d’un produit. En cas de doute, signalez les pratiques trompeuses à la DGCCRF. Enfin, restez informé des évolutions légales et des actions d’associations comme UFC‑Que Choisir, qui surveillent régulièrement les abus dans le e-commerce.
Une acheteuse témoigne :
Je pensais faire une bonne affaire pendant le Black Friday, mais j’ai retrouvé le même produit moins cher… une semaine avant la promo. C’était clairement gonflé.
👁 L’œil de l’expert : un marché encore fragilisé
En conclusion, malgré un cadre réglementaire renforcé avec la directive Omnibus et le Digital Services Act, les fausses promotions et manipulations en ligne demeurent un défi majeur pour le marché français. Ces pratiques faussent la concurrence en favorisant des acteurs peu scrupuleux, nuisent à la confiance des consommateurs et freinent la dynamique saine du commerce numérique. Pour garantir un environnement économique équitable et transparent, il est crucial que les autorités poursuivent leur vigilance, intensifient les sanctions et encouragent les plateformes à adopter des pratiques commerciales honnêtes, au bénéfice de l’ensemble des acteurs du secteur.