Après plusieurs années de hausses continues, la rentrée 2025 apporte une éclaircie pour les ménages. Le prix moyen du panier de fournitures scolaires recule sensiblement, selon deux enquêtes convergentes menées par Familles de France et l’Association des industriels de la papeterie et du bureau (AIPB). Cette tendance inédite pourrait bien transformer l’équilibre budgétaire des familles, dans un contexte marqué par la persistance d’un pouvoir d’achat sous pression. Mais au-delà du soulagement immédiat, il convient d’analyser les ressorts économiques de cette baisse et les disparités qui persistent.
🛒 Décrue des prix généralisée
L’étude annuelle de Familles de France révèle que le panier moyen d’un élève entrant en 6ᵉ atteint 211,10 € en 2025, contre 223,46 € en 2024, soit une diminution de 5,53 %. Cette correction concerne tous les canaux physiques :
- Hypermarchés : – 8,09 %,
- Supermarchés : – 2,98 %,
- Magasins spécialisés : – 4,75 %.
Même le commerce en ligne suit cette trajectoire (- 3,82 %), avec un avantage marqué pour le drive, qui affiche un panier moyen de 160,27 €.
Une photographie corroborée par l’enquête NielsenIQ menée avec l’AIPB, qui note une baisse de 3,4 % en grandes surfaces et de 6,2 % en magasins spécialisés.
Nous avons pu constater sur ce début de période une réelle baisse des prix sur l’ensemble des segments et des circuits de distribution
confirme Nadège Hélary, présidente de l’AIPB, citée par l’AFP.
Cependant, les associations de consommateurs tempèrent cet enthousiasme. L’UFC-Que Choisir estime de son côté que les prix ont progressé de 2 % sur un an, rappelant l’existence d’un « pic au moment de la rentrée, début septembre », qui peut atténuer l’effet global des baisses constatées en amont.
💸 Une facture encore lourde malgré l’ARS
Dans le détail, les familles dépensent en moyenne :
- 42,56 € pour la papeterie (- 5,94 %)
- 108,02 € pour les fournitures non-papetières (- 3,57 %)
- et 60,51 € pour les articles de sport (- 8,59 %).
Si certains articles profitent d’un recul net, d’autres voient leur volume de vente s’envoler, à l’image des pochettes perforées (+ 21,5 %), trieurs (+ 19,7 %) ou crayons (+ 15,9 %). Les magasins spécialisés enregistrent, eux, une forte progression des stylos rollers (+ 58,3 %) et des recharges (+ 37,7 %), signe que les arbitrages de consommation varient fortement selon les familles et les canaux.
Dans ce contexte, l’Allocation de rentrée scolaire (ARS), versée le 19 août à près de trois millions de foyers, reste une bouffée d’oxygène. Avec des montants allant de 423 € pour les enfants de 6 à 10 ans à 462 € pour les 15-18 ans, elle permet de compenser en partie une facture qui demeure conséquente pour les ménages aux revenus modestes.
👁️ L’œil de l’expert : un bon sursis
Cette baisse des prix, si elle se confirme au-delà du pic de la rentrée, traduit un ajustement des distributeurs face à une sensibilité accrue des consommateurs au pouvoir d’achat. Toutefois, la dépendance des familles aux aides publiques comme l’ARS illustre un paradoxe : le coût de la rentrée reste un marqueur des inégalités sociales. Dans un environnement où les dépenses contraintes (loyer, énergie, alimentation) continuent de croître, cette accalmie sur les fournitures, bien que bienvenue, ne suffit pas à rétablir l’équilibre financier des ménages. Elle représente davantage un sursis qu’une réelle amélioration structurelle.