À l’heure où les messages instantanés et les réseaux sociaux dominent nos communications, la carte postale continue de séduire. Tradition incontournable des vacances d’été, elle incarne à la fois un objet sentimental et un levier économique pour les commerçants. Selon Planetoscope, près de 330 millions de cartes postales sont encore envoyées chaque année en France. Derrière ce rituel qui traverse les générations, c’est un véritable business saisonnier qui s’organise, entre marges confortables, diversification de l’offre et adaptation face à la flambée du prix des timbres.
📬 Un produit sentimental très rentable
Le marché de la carte postale conserve une vigueur étonnante, en particulier pendant la haute saison estivale. 81 % des ventes sont concentrées entre juin et septembre, d’après l’Union professionnelle de la carte postale (UPCP).
Face à la baisse structurelle du courrier classique, les éditeurs ont su innover. Comme le souligne Bertrand Stoll, président de l’UPCP, dans un entretien à Actu.fr :
On a pris ce virage pour répondre à une demande du public.
Ce virage se traduit par l’émergence de cartes premium, vendues entre 2 et 3 euros, adoptées notamment par les 18-25 ans qui les utilisent parfois comme objets décoratifs.
Pour les détaillants, la carte postale est plus qu’un souvenir : c’est un produit d’appel à forte marge. Achetant leurs stocks autour de 12 centimes HT, les revendeurs les écoulent en moyenne entre 0,50 et 0,60 € TTC, d’après un buraliste de Saint-Malo interrogé par Actu.fr. À cela s’ajoutent des coûts de stockage quasi nuls et une rotation rapide dans les zones touristiques. Résultat : une rentabilité garantie pour un produit qui, malgré son caractère traditionnel, reste un pilier du commerce saisonnier.
📈 Prix du timbre et diversification en défis
Si la carte postale demeure rentable pour les commerçants, son envoi pèse de plus en plus lourd dans le budget des ménages. Le tarif d’un timbre national est passé de 0,88 € en 2019 à 1,39 € en 2025, avec une nouvelle hausse prévue à 1,52 € en 2026. À l’international, le prix atteint déjà 2,10 €. Cette inflation constitue le principal frein à l’usage traditionnel de la carte postale.
Pour contourner cette contrainte, de nouvelles pratiques émergent. Certaines applications mobiles proposent des cartes personnalisées envoyées directement depuis la France, incluant l’affranchissement. Ce modèle hybride permet de préserver l’aspect émotionnel et visuel de la carte tout en réduisant les contraintes logistiques et financières.
Du côté des éditeurs, la stratégie repose sur la diversification des gammes. L’exemple des Éditions Jack est révélateur : si les cartes postales représentent encore 30 % de leur chiffre d’affaires, elles sont désormais complétées par des produits annexes tels que calendriers, magnets ou agendas, renforçant la résilience du modèle économique.
👁️ L’œil de l’expert : tout un symbole
Le marché de la carte postale illustre parfaitement la capacité d’un produit historique à se réinventer. Sa valeur affective, alliée à une marge commerciale élevée, en fait un atout certain pour les détaillants, surtout en période touristique. Toutefois, la flambée du prix du timbre menace son accessibilité pour le grand public. Les éditeurs qui miseront sur l’innovation visuelle, la qualité et la diversification des revenus auront davantage de chances de maintenir cette tradition vivante.
En résumé, la carte postale ne disparaît pas : elle se transforme en un symbole de l’économie saisonnière, entre nostalgie et modernité.