La grève a éclaté dans la nuit du vendredi 15 au samedi 16 août 2025, paralysant une grande partie du réseau d’Air Canada. Environ 10 500 agents de bord, représentés par le Syndicat canadien de la fonction publique (CUPE), ont entamé un arrêt de travail à la suite de l’échec des négociations salariales avec la direction.
Ils revendiquent une hausse salariale et la rémunération du travail au sol, notamment l’embarquement et la préparation des vols, que les agents estiment à près de 35 heures non payées par mois.
📅 Le gouvernement impose la reprise du travail
Alors qu’Air Canada avait proposé une hausse de la rémunération globale de 38 % sur quatre ans dont 25 % dès la première année, cette offre a été jugée « inférieure à l’inflation et au marché » par le syndicat représentant les agents de bord.
Face à l’ampleur des perturbations engendrées par le conflit, avec plus de 700 vols annulés et plus de 100 000 passagers affectés, le gouvernement fédéral est intervenu dès le samedi 16 août. La ministre de l’Emploi, Patty Hajdu, a annoncé le recours à un arbitrage obligatoire sous l’égide du Conseil canadien des relations industrielles (CCRI), enjoignant une reprise du travail dans un délai de 24 à 48 heures.
Le CCRI a confirmé cette décision, ordonnant à Air Canada et à ses agents de bord de reprendre leurs activités avant le dimanche 17 août à 14 h.
Cependant, le syndicat a vivement dénoncé cette imposition, qu’il considère comme une atteinte aux droits des travailleurs. Malgré l’ordre de reprise, le mouvement de grève s’est poursuivi. Finalement, un accord de principe a été conclu le mardi 19 août 2025.
Le syndicat a confirmé la fin du mouvement :
La grève est terminée. Nous avons une entente de principe que nous vous présenterons.
Air Canada a de son côté annoncé une reprise progressive de ses opérations. La compagnie prévoit un retour complet à la normale d’ici sept à dix jours, le temps de résorber les retards et de reprogrammer les centaines de vols annulés depuis le début du conflit.
💰 Une paralysie coûteuse en pleine haute saison
Thomas Gagnon, expert du secteur aérien annonce :
C’est l’un des pires scénarios possibles pour une compagnie aérienne : une grève générale en plein été, au moment où la demande est à son pic
Les pertes économiques se sont rapidement accumulées. Selon un analyste de TD Cowen, Air Canada aurait perdu 75 millions de dollars canadiens (≈ 46 millions €) par jour, soit plus de 500 millions pour une semaine d’arrêt. La compagnie a retiré ses prévisions annuelles et son action a chuté de près de 3 %.
Au-delà du transport de passagers, les perturbations ont touché le fret pharmaceutique et désorganisé des chaînes logistiques sensibles. Des estimations basées sur des scénarios comparables évoquent une perte potentielle de 1,4 milliard de dollars de PIB réel sur un mois pour l’ensemble du secteur aérien.
👁 L’œil de l’expert : un conflit révélateur
Au-delà de l’accord, la grève révèle les fragilités du transport aérien canadien, dépendant d’un personnel sous-payé malgré une demande en forte croissance. Le conflit a mis en lumière les limites d’un modèle axé sur la réduction des coûts, au détriment de la stabilité sociale. Selon plusieurs analystes, cette crise constitue un signal d’alarme : sans rééquilibrage entre rentabilité et conditions de travail, d’autres perturbations sont à prévoir. À court terme, les pertes économiques sont estimées à plusieurs centaines de millions de dollars. À plus long terme, c’est la résilience du secteur face aux chocs sociaux qui est remise en question.