Un redressement timide qui ne dissipe pas les inquiétudes. En août 2025, la conjoncture française envoie des signaux contradictoires : l’activité privée s’approche de la zone de croissance sans la franchir, selon le baromètre PMI Flash HCOB publié par S&P Global et la Hamburg Commercial Bank. Avec un indice composite à 49,8 points contre 48,6 en juillet, la France atteint un sommet inédit depuis douze mois, mais reste encore en territoire négatif. Cette évolution, qualifiée de « détérioration minime » par les auteurs de l’enquête, nourrit un optimisme prudent sans masquer la fragilité de l’économie.
🔎 PMI en hausse : embellie sous surveillance
Le redressement concerne à la fois les services et l’industrie, deux secteurs clés pour l’économie française.
Le PMI des services s’est établi à 49,7 en août (contre 48,5 en juillet), un plus haut depuis un an.
La production manufacturière a progressé à 49,8 (contre 48,6 en juillet), son meilleur niveau en trois mois.
Selon Jonas Feldhusen, économiste à la HCOB :
Si l’indice s’est légèrement redressé par rapport au mois précédent, il ne donne aucun signe de renversement prochain de la tendance
Autrement dit, la reprise reste fragile et le cap de la croissance (50 points) n’est toujours pas franchi.
Ce frémissement survient après une longue période de contraction, amorcée un an plus tôt. Les économistes y voient davantage un ralentissement du repli qu’un véritable retournement. Feldhusen ajoute :
La contraction a ralenti dans l’industrie manufacturière et dans les services, tendance qui pourrait être interprétée comme un signe de stabilisation.
💶 Emploi et inflation : deux forces opposées
Si la demande reste faible et les perspectives incertaines, certains signaux positifs apparaissent. L’emploi, notamment, surprend : pour la première fois depuis novembre 2024, le secteur privé enregistre une hausse nette des effectifs. Les entreprises continuent de recruter malgré un climat peu porteur, ce qui traduit une résilience inattendue du marché du travail.
En revanche, la dynamique des prix ravive les inquiétudes. Le rapport fait état d’un renforcement des tensions inflationnistes : les coûts supportés par les entreprises progressent de nouveau, à un rythme plus soutenu qu’au printemps. Une pression qui, si elle se confirme, pourrait limiter la capacité de la Banque centrale européenne (BCE) à maintenir un cap monétaire accommodant.
Le baromètre résume la situation :
Après une période prolongée de contraction, l’économie française a montré des signes de stabilisation en août
mais dans un environnement où inflation et faiblesse de la demande continuent de freiner toute reprise franche.
👁️ L’œil de l’expert : des choix à venir
Ce PMI d’août reflète une économie française à la croisée des chemins. D’un côté, l’amélioration simultanée des services, de l’industrie et de l’emploi nourrit l’espoir d’une stabilisation. De l’autre, la persistence des tensions inflationnistes et la demande atone rappellent que la croissance reste hors de portée immédiate.
Pour les investisseurs comme pour les décideurs publics, le signal est clair : la France ne plonge plus, mais elle n’avance pas encore. Dans ce contexte, la politique économique devra arbitrer entre soutien à l’activité et lutte contre l’inflation, un exercice d’équilibriste auquel l’Europe entière est confrontée.