Une rentrée sous haute tension pour le rail français. La rentrée sociale s’annonce explosive. Trois syndicats majeurs de la SNCF – CGT-Cheminots, Unsa-Ferroviaire et CFDT-Cheminots – appellent à une grève nationale le 18 septembre. Avec 70 % des voix aux dernières élections professionnelles, ces organisations entendent s’opposer frontalement au budget 2026 du gouvernement, jugé trop austéritaire. Cette mobilisation, qui pourrait bloquer une partie du trafic ferroviaire mais aussi toucher la RATP et le secteur aérien, illustre la montée d’un malaise social aux lourdes implications économiques.
💸 Budget contesté et inquiétudes économiques
Les syndicats ne mâchent pas leurs mots. Pour Thierry Nier, secrétaire général de la CGT-Cheminots, le budget proposé est « très violent » et risque de « causer de graves dégâts pour les salariés de tout le pays ». Thomas Cavel, de la CFDT-Cheminots, alerte quant à lui sur la nécessité de « tracer un futur pour le ferroviaire afin de préserver l’emploi dans ce secteur stratégique ».
L’Unsa-Ferroviaire, par la voix de Fabrice Charrière, fustige notamment la suppression de deux jours fériés en 2026 : « Deux jours à travailler gratuitement, je ne sais pas qui est aujourd’hui d’accord pour ça. » Une mesure perçue comme emblématique d’un effort demandé aux salariés sans contrepartie.
Derrière ces critiques, c’est toute la logique économique du budget qui est visée : les syndicats plaident pour l’augmentation des recettes fiscales et l’arrêt des avantages aux plus aisés, plutôt qu’une réduction des acquis sociaux. Si ce bras de fer se confirme, il pourrait impacter non seulement le fonctionnement de la SNCF mais aussi la confiance des marchés vis-à-vis de la trajectoire budgétaire française.
🔗 Une mobilisation qui dépasse le ferroviaire
Le mouvement du 18 septembre ne se limite pas aux rails. En Île-de-France, les syndicats de la RATP prévoient une mobilisation d’ampleur le même jour, entraînant de fortes perturbations dans les transports publics. À cela s’ajoutent plusieurs syndicats du secteur aérien, dont le SNCTA, qui appellent également à cesser le travail.
Cette convergence intersectorielle traduit une contestation plus globale des politiques d’austérité. Selon un communiqué commun relayé par les syndicats, il s’agit de défendre « la justice sociale face à une rigueur budgétaire imposée sans dialogue ». Une prochaine rencontre intersyndicale est prévue afin de coordonner les actions et potentiellement amplifier le mouvement.
Les répercussions économiques pourraient être considérables. Chaque jour de grève coûte à la SNCF plusieurs dizaines de millions d’euros, sans compter les pertes indirectes pour l’économie nationale liées à la productivité en berne et aux reports de voyages. Les investisseurs observeront de près la capacité du gouvernement à gérer ce conflit, car un blocage prolongé affecterait aussi la crédibilité de la France à l’international.
👁️ L’œil de l’expert : un test grandeur nature
Au-delà de la paralysie des transports, le 18 septembre pourrait devenir un test grandeur nature de la politique budgétaire française. Une grève de cette ampleur révèle une fracture persistante entre rigueur financière et acceptabilité sociale. Si le gouvernement ne parvient pas à désamorcer le conflit, il risque d’alimenter une spirale de contestation, pesant sur l’investissement, le climat des affaires et la confiance des marchés. Pour la SNCF, déjà fragilisée par son endettement chronique et sa dépendance aux subventions publiques, cette crise sociale pourrait accentuer la pression financière et compliquer encore sa trajectoire de redressement.