Le 7 septembre 2025, l’OPEP+ a surpris les observateurs en annonçant une nouvelle augmentation de son offre de brut dès octobre. Cette décision, prise par les ministres de l’Énergie de huit grands producteurs, intervient dans un contexte de ralentissement saisonnier de la demande et de fragilité persistante des cours. Entre équilibres budgétaires des États exportateurs et pressions sur les prix mondiaux, le choix de l’alliance reflète une stratégie aussi audacieuse que risquée.
🛢 Une Production en hausse malgré les alertes
L’Arabie saoudite, la Russie, l’Irak, les Émirats arabes unis, le Koweït, le Kazakhstan, Oman et l’Algérie ont validé une augmentation de 137 000 barils par jour dès octobre 2025, par rapport au quota de septembre. Selon BFMTV, cette mesure s’ajoute aux volumes déjà remis sur le marché depuis le printemps, soit environ 2,2 millions de barils par jour.
Les ministres n’excluent pas d’aller plus loin : jusqu’à 1,65 million de barils par jour pourraient être réinjectés en fonction de l’évolution des conditions. Comme le souligne BFMTV, l’OPEP+ justifie ce choix par « des perspectives économiques mondiales stables et des fondamentaux de marché actuellement sains ».
Pourtant, la saisonnalité joue contre eux : le quatrième trimestre rime souvent avec une consommation plus faible, notamment en Asie. De plus, les niveaux de stockage jugés confortables accentuent le risque d’un excédent, ce qui pourrait aggraver la pression baissière sur les prix.
📈 Des prix du brut sous tension
L’effet a été immédiat sur les marchés. Selon La Tribune, l’annonce de cette hausse a fait reculer le Brent de mer du Nord à 65 dollars le baril. Un seuil fragile, loin de l’équilibre budgétaire de nombreux pays exportateurs, qui ont besoin d’un prix proche de 80 dollars pour financer leurs dépenses publiques.
Certains analystes redoutent même une chute sous les 60 dollars si le surplus se confirme dans les prochains mois. Un tel scénario aurait des conséquences majeures :
une baisse des revenus pétroliers pour les États dépendants du brut,
une pression accrue sur leurs finances publiques,
mais, en parallèle, un soulagement pour les économies importatrices d’énergie, notamment en Europe et en Asie.
Déjà en août 2025, l’OPEP+ avait injecté 547 000 barils supplémentaires par jour pour septembre, marquant une trajectoire clairement orientée vers la reconquête de parts de marché, quitte à fragiliser la stabilité des prix.
👁️ L’œil de l’expert : un signal fort
Cette nouvelle hausse de production illustre le dilemme permanent de l’OPEP+ : soutenir les prix ou défendre les parts de marché. Si la stratégie permet d’envoyer un signal de confiance sur la résilience de la demande mondiale, elle comporte un risque majeur : accentuer la volatilité et précipiter les cours sous les seuils critiques pour certains membres.
À court terme, les importateurs pourraient bénéficier d’un baril moins cher, mais à moyen terme, une telle pression pourrait accentuer les tensions internes au cartel, notamment entre pays à forte capacité financière (Arabie saoudite, Émirats) et États plus vulnérables (Algérie, Irak).
La clé résidera dans la discipline interne de l’alliance : sans une gestion stricte des quotas, le pari de l’OPEP+ pourrait se transformer en casse-tête budgétaire pour plusieurs de ses membres.