L’Italie s’impose une nouvelle fois comme le premier producteur mondial de vin, avec une récolte 2025 qui retrouve son niveau historique. Si la production atteint des sommets, les équilibres économiques du secteur se tendent, fragilisés par le ralentissement des exportations et la pression sur les prix.
🍇 Une production en forte hausse
Après une année 2024 en retrait, les vignerons transalpins devraient produire 47 millions d’hectolitres de vin et de moût de raisin, soit une hausse de 8 % sur un an. Cette performance replace l’Italie dans la moyenne haute de ses récoltes annuelles, confirmant son rôle de pilier du marché mondial.
Les conditions climatiques expliquent en grande partie ce rebond. Le Sud, porté par la Sicile et les Pouilles, affiche une progression spectaculaire de +19 %, grâce aux pluies printanières qui ont reconstitué les nappes phréatiques avant un été chaud. La Vénétie, première région viticole du pays, enregistre quant à elle une reprise modeste mais significative (+2 %). En revanche, le Nord-Est a été confronté à un climat instable et à la propagation de maladies, limitant ses volumes.
Avec ces résultats, l’Italie distance nettement la France (37,4 millions d’hectolitres) et l’Espagne (36,8 millions). Comme l’a souligné l’Union italienne des vins dans un rapport conjoint avec les œnologues du pays :
C’est un millésime équilibré, sans excès de volume, mais avec des perspectives qualitatives allant du bon à l’excellent.
🌍 Exportations : le talon d’Achille italien
Ce succès productif s’accompagne toutefois d’une crise de valorisation. Les exportations italiennes de vin ont reculé de 4 % sur les cinq premiers mois de 2025, une tendance qui inquiète les professionnels. Seuls les vins effervescents, dont le Prosecco, parviennent à maintenir leurs ventes, tandis que le marché intérieur connaît lui aussi un ralentissement.
Les producteurs redoutent l’impact des droits de douane américains et la pression d’un excès d’offre. Comme l’a averti Lamberto Frescobaldi, président de l’Union italienne des vins :
La qualité de notre vin est indiscutable, mais même le meilleur, s’il est trop abondant, finit par perdre de la valeur.
Un autre défi concerne la juste rémunération des acteurs de la filière. Avec une vendange estimée à 47,4 millions d’hectolitres et près de 37 millions déjà en cave, les risques de saturation pèsent sur les prix. « Dans les conditions actuelles du marché, il sera difficile de garantir une rentabilité équitable », a encore souligné Frescobaldi.
👁️ L’œil de l’expert
L’Italie confirme son rôle de leader incontesté du vin mondial, mais la filière se trouve à un tournant. La hausse des volumes, bien que favorable à court terme, peut s’avérer destructrice pour la valeur du produit si la demande n’accompagne pas cette dynamique. Le marché international, marqué par des tensions commerciales et un ralentissement de la consommation, impose une stratégie de montée en gamme et de diversification des débouchés.
Sans rééquilibrage entre quantité et valorisation, la suprématie italienne risque de se transformer en fardeau économique. La véritable bataille à venir ne se joue pas seulement dans les vignes, mais sur les marchés mondiaux et dans la capacité des producteurs à préserver la rentabilité de leur filière.