La France s’impose désormais comme le troisième pays au monde comptant le plus de millionnaires, selon le Global Wealth Report 2025 publié par UBS. Avec près de 2,9 millions d’individus disposant d’un patrimoine supérieur à un million de dollars, l’Hexagone se hisse juste derrière les États-Unis (23,8 millions) et la Chine (6,5 millions). Mais derrière cette performance en apparence flatteuse se cache une réalité plus contrastée : un enrichissement largement porté par l’immobilier et une répartition des richesses très inégale.
🏠 L’immobilier, principal moteur de l’enrichissement français
Le rapport distingue plusieurs profils de millionnaires. En France, la grande majorité appartient à la catégorie des « Everyday Millionnaires », c’est-à-dire ceux dont le patrimoine oscille entre 1 et 5 millions de dollars. Comme le souligne le rapport d’UBS, cette situation est en grande partie liée à la flambée immobilière des dernières décennies.
Les ménages ayant acquis un appartement parisien, une maison en Provence, sur l’île de Ré ou encore sur la Côte d’Azur il y a 20 ou 30 ans ont vu la valeur de leur patrimoine exploser.
Beaucoup de Français sont devenus millionnaires davantage grâce à la pierre qu’à la création d’entreprise
analyse UBS dans son rapport. Cependant, la création de grandes fortunes par l’entrepreneuriat ou l’innovation reste limitée. Contrairement aux États-Unis, où les start-up et les géants de la tech génèrent de vastes richesses, la France peine encore à transformer son tissu entrepreneurial en véritables empires financiers.
À cela s’ajoute un facteur monétaire : les fortunes sont comptabilisées en dollars américains. Or, les variations du taux de change réduisent mécaniquement la valeur moyenne du patrimoine en euros. Résultat : derrière les 2,9 millions de millionnaires se cache une moyenne de seulement 870 000 euros par individu.
⚖️ Des inégalités renforcées par la transmission de patrimoine
Le rapport souligne également le poids décisif des héritages dans l’essor du nombre de millionnaires. La transmission de biens situés dans des zones très recherchées a propulsé de nombreux ménages au-delà du seuil symbolique du million de dollars, sans que cette richesse soit le fruit d’une accumulation active.
Mais cette dynamique nourrit un paradoxe. Si la France compte un nombre record de millionnaires, la richesse moyenne par adulte reste modeste au regard des standards internationaux. En d’autres termes, la France est riche… mais pas forcément les Français.
La qualité des actifs immobiliers contribue à l’essor du nombre de millionnaires, mais elle ne reflète pas une dynamique de création de richesse entrepreneuriale
précise encore UBS. Ce constat interroge : peut-on durablement bâtir un modèle de croissance reposant sur la seule valorisation patrimoniale, au risque de creuser les écarts entre héritiers et actifs ?
👁️ L’œil de l’expert : une histoire de bulle
La France peut se féliciter d’avoir rejoint le podium mondial des pays aux plus grands viviers de millionnaires. Mais cette performance repose davantage sur une bulle patrimoniale immobilière et sur la transmission que sur l’essor de grandes fortunes créées par l’innovation ou l’économie productive.
Dans ce contexte, l’Hexagone fait face à un dilemme économique : transformer son patrimoine en moteur de croissance ou risquer de voir s’accentuer un fossé entre une minorité aisée et une majorité qui peine à accéder à la richesse. La place de la France dans ce classement est un signal fort… mais pas forcément un signe de vitalité économique durable.