Alors que la Banque centrale européenne (BCE) a maintenu ses taux directeurs lors de sa dernière réunion, la perspective d’un nouvel assouplissement monétaire ressurgit. François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, a affirmé le 12 septembre sur BFM Business qu’une réduction supplémentaire restait « tout à fait possible ». Les investisseurs comme les épargnants guettent ce signal, dans un contexte où l’inflation européenne semble désormais contenue et où les dynamiques monétaires évoluent rapidement.
🔎 Inflation en reflux : des facteurs structurels favorables
Le scénario d’un retour durable de l’inflation sous la barre des 2 %, objectif officiel de la BCE, paraît de plus en plus crédible.
Nous avons été plusieurs, dont moi, à souligner les risques plutôt à la baisse sur l’inflation dans le futur proche
a expliqué François Villeroy de Galhau. Plusieurs éléments nourrissent cette tendance :
L’appréciation de l’euro face au dollar, qui s’est renforcé d’environ trois centimes depuis juin, entraîne mécaniquement une réduction d’environ 0,1 point d’inflation.
La poussée des importations chinoises à bas coût, en hausse de 12 % sur un an sur les trois derniers mois, exerce une pression désinflationniste sur les prix européens.
Enfin, les tensions commerciales récentes avec Washington – notamment l’accord de fin juillet instaurant des droits de douane de 15 % sur certains produits européens – ne devraient pas provoquer d’effet inflationniste supplémentaire en Europe.
Autrement dit, si des risques haussiers existent encore, ils sont désormais jugés « beaucoup plus faibles que les risques à la baisse », selon le gouverneur.
💶 Les marchés et le crédit en ligne de mire
Les marchés ont accueilli le statu quo de la BCE avec une certaine nervosité. L’euro a bondi, traduisant l’idée que l’institution pourrait maintenir ses taux élevés plus longtemps. Mais Villeroy de Galhau appelle à la prudence :
La BCE doit, plus que jamais, faire preuve d’un pragmatisme agile
C’est-à-dire agir selon les données disponibles, mais garder la possibilité d’ajuster rapidement le cap. Cette orientation aurait des répercussions directes :
Pour les États, une nouvelle baisse allégerait le coût du refinancement de la dette publique, alors que de nombreux gouvernements cherchent à contenir leurs déficits.
Pour les ménages et entreprises, une détente progressive pourrait relancer la distribution de crédits à des conditions plus favorables, notamment dans l’immobilier et l’investissement productif.
Pour les marchés financiers, une BCE perçue comme trop prudente risquerait en revanche de provoquer une appréciation excessive de l’euro, pesant sur la compétitivité des exportateurs européens.
👁️ L’œil de l’expert : fragile équilibre
La déclaration de François Villeroy de Galhau confirme un tournant stratégique : la BCE se prépare à ajuster ses taux si les indicateurs continuent de signaler un reflux durable de l’inflation. Pour les économistes, cette posture renforce la crédibilité d’une politique monétaire plus souple dès 2026. Néanmoins, l’équilibre reste fragile : une appréciation excessive de l’euro ou un ralentissement mondial trop marqué pourraient transformer ce scénario en contrainte.
En clair, la BCE marche sur un fil : favoriser la relance sans perdre son ancrage de stabilité des prix.