La reprise économique française en 2025 reste trop timide pour effacer l’impression d’un pays en panne de confiance. Dans ses prévisions présentées le 11 septembre, l’Insee anticipe une croissance du PIB de +0,8 % sur l’année, portée par quelques secteurs dynamiques, mais freinée par un climat anxiogène. Crises politiques, tensions internationales et repli des ménages pèsent sur l’activité. « La confiance est clairement l’élément manquant de la croissance française », résume Dorian Roucher, chef du département de la conjoncture de l’institut.
📉 Une croissance au ralenti …
Le PIB français devrait progresser de 0,8 % en 2025, mieux que les prévisions de juin (+0,6 %), mais en recul par rapport à 2024 (+1,1 %). Cette amélioration relative doit beaucoup à quelques filières : l’agriculture, le tourisme, l’immobilier et surtout l’aéronautique, qui a connu un mois de juin exceptionnel.
Pour autant, la performance globale reste en deçà des standards historiques.
L’indice du climat des affaires est en dessous de sa moyenne de longue période depuis un an
rappelle Clément Bortoli, chef de la division synthèse conjoncturelle. Les entreprises hésitent à investir, les ménages à consommer, et l’économie reste bridée.
Le paradoxe est frappant : malgré un pouvoir d’achat en hausse de 0,8 %, supérieur à la progression attendue de la consommation (+0,5 %), les Français continuent d’épargner massivement.
Depuis 45 ans que l’on mesure cet indicateur, on n’a jamais vu autant de ménages dire : « Je mets de côté ou je vais mettre de côté »
souligne Dorian Roucher. Résultat : une consommation atone et une croissance privée d’élan.
💡 Malgré des signaux plus positifs
Si la défiance domine, les fondamentaux ne sont pas tous négatifs. Le marché du travail reste robuste : le chômage ne devrait augmenter que marginalement, de 0,1 point, pour atteindre 7,6 %, un des niveaux les plus bas depuis plusieurs décennies.
Les craintes des ménages sur le chômage culminent au plus haut niveau depuis dix ans, alors même que le marché du travail résiste
analyse Clément Bortoli. Autre bonne nouvelle : la poussée inflationniste appartient désormais au passé. L’Insee prévoit une hausse limitée des prix à la consommation de 1,1 % en fin d’année, soit « la plus faible inflation depuis 2020 ». Ce reflux durable des prix allège la pression sur les ménages et donne une marge de manœuvre supplémentaire pour consolider leur pouvoir d’achat.
Enfin, si les Français peinent à en percevoir les bénéfices, la stabilité retrouvée de l’inflation et la progression des revenus disponibles constituent un socle pour une reprise plus solide… à condition que la confiance revienne.
👁️ L’œil de l’expert : trop de prudence
Les chiffres de l’Insee dessinent une économie française résiliente mais bridée. Les moteurs existent — exportations dynamiques, inflation contenue, emploi solide — mais l’excès de prudence des ménages et des entreprises prive le pays d’un véritable rebond.
Tant que la confiance ne se réinstalle pas, l’épargne restera élevée, la consommation sous pression et la croissance limitée. En clair, la France ne souffre pas d’un manque de moyens, mais d’un déficit de confiance collective, véritable talon d’Achille de son économie.