Accueil Économie Fitch abaisse la note souveraine à A+
ÉconomieMarchés Financiers

Fitch abaisse la note souveraine à A+

Fitch dégrade la note française
Partager

La France vient de subir un revers symbolique mais lourd de conséquences : l’agence de notation Fitch a rétrogradé, vendredi 12 septembre, la note attribuée à la dette souveraine française, la faisant passer de AA- à A+. Ce déclassement, loin d’être un simple indicateur technique, traduit un scepticisme croissant sur la capacité de l’Hexagone à tenir le cap budgétaire. Entre instabilité politique, envolée des taux d’intérêt et poids toujours plus écrasant de la dette publique, la crédibilité financière du pays vacille.

📉 Un déclassement qui fragilise la confiance des investisseurs

La décision de Fitch intervient dans un contexte où les investisseurs exigent déjà des conditions plus strictes pour financer la France. Le rendement des obligations d’État à 10 ans — référence sur les marchés — a frôlé les 3,6 % en septembre, contre moins de 3 % en 2024, et même des taux négatifs en 2021.

Pour Fitch, cette rétrogradation reflète une capacité amoindrie à absorber de nouveaux chocs. L’agence souligne que l’endettement, aujourd’hui à 114,1 % du PIB, reste l’un des plus élevés de la zone euro, derrière la Grèce et l’Italie.

L’augmentation continue de la dette publique réduit les marges de manœuvre budgétaires

explique Fitch dans son communiqué. Ce diagnostic sévère se double d’un rappel : le retour à un déficit inférieur à 3 % du PIB d’ici 2029 paraît désormais hautement improbable.

🏛️ Instabilité politique et fragilité institutionnelle

Le signal envoyé par Fitch est aussi éminemment politique. L’agence pointe la « fragmentation et la polarisation croissantes » de la scène française, estimant que cette division « affaiblit la capacité du système politique à mettre en œuvre une consolidation budgétaire ambitieuse ».

Cette défiance est alimentée par la situation institutionnelle : depuis la dissolution de juin 2024, la France a vu défiler trois Premiers ministres en un an, sans réelle stabilité budgétaire. Le blocage de l’adoption du budget fin 2024 reste un précédent inquiétant, d’autant que la fin 2025 pourrait connaître le même scénario.

François Bayrou, critique de longue date de l’endettement tricolore, enfonce le clou :

Un pays que ses élites conduisent à refuser la vérité est condamné à en payer le prix.

À l’inverse, Éric Coquerel (LFI) dénonce une décision « amplifiée par deux mois d’un discours catastrophiste » autour des finances publiques.

💸 Le risque de l’effet domino

La rétrogradation de Fitch est aussi la conséquence directe d’un dérapage budgétaire : le déficit a atteint 5,8 % du PIB en 2024, bien au-delà des engagements européens. Avec un endettement déjà massif et un contexte de hausse des taux directeurs des banques centrales, chaque point de déficit coûte désormais plus cher à financer.

Cette décision pourrait également enclencher une spirale négative : la dégradation d’une agence augmente mécaniquement la méfiance des investisseurs, ce qui alourdit encore la facture des intérêts de la dette. Or, Fitch n’est pas seule : Moody’s doit rendre son verdict le 24 octobre et S&P le 28 novembre. Un double déclassement dans la foulée amplifierait le choc.

👁️ L’œil de l’expert : un tel gâchis

La dégradation de la note française par Fitch constitue un avertissement sévère : au-delà des chiffres, elle signale une perte de crédibilité politique et budgétaire. Dans un environnement mondial marqué par la hausse des taux et la concurrence accrue des marchés financiers, la France n’a plus le luxe de différer les réformes structurelles. Si rien n’est fait, le coût de financement de l’État pourrait devenir le principal moteur d’un cercle vicieux budgétaire, limitant drastiquement la capacité d’investissement public et fragilisant encore davantage la compétitivité économique du pays.

Written by
Fabien Monvoisin

Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français

D'autres articles
Économie

Urgo change de dimension avec l’acquisition de Ricqlès

Derrière une opération en apparence patrimoniale se cache un mouvement industriel et...

Économie

Taxe carbone sur les engrais : l’Europe va exploser le prix du pain en France

À partir de 2026, une décision réglementaire européenne encore peu connue du...

ÉconomieSport

Mbappé à 350 millions d’euros : le Real Madrid ferme la porte à l’offre la plus folle de l’histoire

Le marché du football mondial vient d’atteindre un nouveau sommet vertigineux. Selon...

Économie

IKKS sauvée… au prix fort : le redressement validé sacrifie près d’un emploi sur deux en France

La décision est officielle et lourde de conséquences économiques. Vendredi, le tribunal...