Après une année 2025 marquée par une croissance en demi-teinte et des tensions persistantes sur les marchés, la question centrale est désormais de savoir si 2026 signera le retour d’un véritable rebond économique pour la France. Dans ses dernières projections publiées le 15 septembre 2025, la Banque de France esquisse un scénario de reprise, mais nuance ses prévisions en raison d’incertitudes politiques et financières toujours présentes. Entre consommation en redressement, investissements en lente progression et inflation sous contrôle, le tableau reste contrasté.
🔍 Une croissance timide, freinée par les incertitudes
Selon l’institution monétaire, le PIB français progresserait de 0,9 % en 2026, légèrement mieux que les 0,7 % de 2025, mais moins que les prévisions initiales (1 %). La Banque de France anticipe une poursuite du redressement en 2027 (+1,1 %), sans retrouver toutefois les niveaux de croissance d’avant-crise.
Cette révision à la baisse s’explique principalement par des paramètres externes défavorables : un taux de change euro/dollar peu favorable (perte de compétitivité) et un cours du pétrole plus élevé que prévu. À cela s’ajoute l’incertitude politique en France, qui, selon Olivier Garnier, chef économiste de la Banque de France, « peut créer des comportements attentistes chez les agents économiques ».
Ces éléments limitent la dynamique de reprise et accentuent la prudence des investisseurs comme des ménages.
🛍️ Consommation et investissement comme moteurs
La consommation des ménages, pilier du PIB français puisqu’elle représente près de la moitié de la richesse nationale, amorcera un redressement : +1 % en 2026 contre +0,4 % en 2025, une amélioration jugée positive mais encore modeste par rapport aux besoins de relance.
Du côté de l’investissement, la reprise s’annonce progressive. Le taux d’investissement des ménages grimperait de 1,7 % en 2026, contre +0,5 % en 2025, tandis que celui des entreprises enregistrerait un retour en territoire positif (+1,2 %) après une contraction de –0,6 % en 2025.
Selon Olivier Garnier, cette évolution reflète à la fois « l’effet différé de la baisse des taux d’intérêt » (à relativiser avec les potentielles prochaines hausses de taux en fin d’année 2025 NDLR) et « des perspectives de demande qui s’améliorent ». Toutefois, la persistance d’instabilités fiscales (liées en autre à une cure de la dette devenue incontournable) et géopolitiques continue de peser sur l’ampleur du rebond.
💶 Inflation contenue, pouvoir d’achat renforcé
La véritable éclaircie se situe du côté des prix. Après les flambées inflationnistes de 2022 et 2023, l’inflation devrait retomber à 1,3 % en 2026, puis 1,8 % en 2027, soit sous l’objectif de la BCE fixé à 2 %.
Cette désinflation, combinée à une hausse des salaires supérieure à l’augmentation des prix, devrait mécaniquement renforcer le pouvoir d’achat des ménages. Comme le rappelle Olivier Garnier : « Qui dit moins d’inflation dit aussi davantage de pouvoir d’achat ». Ce rééquilibrage contribuera à résorber progressivement les pertes enregistrées durant la crise énergétique.
👁️ L’œil de l’expert : une reprise à soutenir
Si la Banque de France anticipe un retour progressif de la croissance, l’économie française reste engagée dans une trajectoire fragile, dépendante de facteurs externes (énergie, change, géopolitique) et internes (stabilité politique, fiscalité). Le véritable défi réside dans la capacité à transformer cette reprise modérée en un cycle durable, alimenté par un investissement privé robuste et une consommation soutenue.
En 2026, la France pourrait donc renouer avec une dynamique positive, mais l’ampleur de ce rebond dépendra avant tout de la confiance retrouvée des ménages et des entreprises.